«Gilets jaunes»: violences en marge du mouvement à La Réunion

Depuis samedi 17 novembre, la mobilisation des « gilets jaunes » est débordée par des affrontements des pillages et un blocage de l'ensemble des activités de l'île. Le préfet de La Réunion a instauré ce mardi un couvre feu avec interdiction de circulation dans la moitié des communes de l'île pour trois nuits.

La colère exprimée de manière hétéroclite en métropole par le mouvement dits des gilets jaunes, à l'origine en réaction à la hausse des taxes sur les carburants, touche également l'île française de La Réunion, dans l'Océan Indien. Mais il connaît, à sa marge, de nombreux et violents dérapages.

Depuis le 17 novembre, plusieurs villes réunionnaises sont le théâtre de pillages et de diverses violences urbaines à partir de la nuit tombée. Plusieurs supermarchés et autres commerces ont été attaqués dans la nuit de lundi à mardi, notamment à Saint-Denis, le chef-lieu. Des automobilistes ont été rackettés, violentés. L'ensemble des établissements scolaires, la plupart des commerces et des stations-service, ainsi que des services publics (Chambre de commerce et d'industrie notamment), sont fermés.

Le dépôt de carburant de l'île est bloqué par des manifestants depuis lundi. Le port de commerce, dont l'accès est bloqué depuis hier, est paralysé. Trois escales de paquebot de croisière ont été annulées et les compagnies aériennes bouleversent leurs programmes de vol en raison du barrage filtrant dressé depuis samedi devant l'aéroport Roland-Garros de Saint-Denis. Les deux usines sucrières de l'île sont également à l'arrêt depuis samedi.

Couvre-feu jusqu'à vendredi au moins

En réaction, le préfet Amaury de Saint-Quentin a instauré mardi une mesure d'interdiction de circuler de 21h à 6h dans la moitié des communes de l'île, bloquée par de nombreux barrages routiers dressés par des « gilets jaunes ». Ce couvre-feu est en vigueur jusqu'à vendredi au minimum. Dans la journée, une délégation de gilets jaunes avait été reçue en préfecture. Les discussions n'ont pas abouti, suscitant déception et colère chez les manifestants.

Les « gilets jaunes » de Gillot (à proximité de l'aéroport, à Saint-Denis-de-la-Réunion) ont été délogés par les gendarmes.

Gilets jaunes ou délinquance ?

Selon nos confrères de La Première, antenne de FranceInfo à La Réunion, qui suivent en direct les événements, des affrontements entre policiers et jeunes continuaient dans la soirée de mardi, notamment au Chaudron, un quartier populaire de Saint-Denis-de-la-Réunion.

« C'est certains individus, des délinquants, très jeunes pour la plupart d'entre eux, qui ont profité de la manifestation des "gilets jaunes" pour piller, dégrader, casser et s'en prendre volontairement aux forces de l'ordre, explique un policier joint par RFI. Il y a plusieurs centaines d'individus, éparpillés sur les différentes circonscriptions de police et gendarmerie de l'île de La Réunion, à savoir les différentes communes. Plus d'une soixantaine ont été interpellés sur ces trois derniers jours. Nous avons une quinzaine de policiers blessés. Tous les supermarchés sont fermés. Nous sommes obligés d'aller nous alimenter dans des petits magasins de proximité. Ca va devenir compliqué si cela perdure longtemps. »

Dans une déclaration transmise mardi soir à l'AFP, Annick Girardin dénonce des « violences [qui] sont le fait de bandes de jeunes gens qui n'ont rien à voir avec les "gilets jaunes" », a-t-elle affirmé. Elle promet une « réponse ferme de l'État » pour contrer cette « évolution intolérable du mouvement ».

Le Medef déplore les conséquences écnomiques et sociales de ces débordements.

Eric Marguerite est délégué départemental du syndicat Force ouvrière à la Réunion. Il se désole d'une situation qui, selon lui, reflète le désarroi des habitants de l'île, dans une situation économique difficile. Même s'il condamne fermement les violences.

Nadia Ramassamy, député Les Républicains de l'île et présidente de l'intergroupe parlementaire des Outre mers, adresse une lettre au président ed la République pour demander d'ajuster sa politique aux spécificités des régions ultra-marines : « La situation s'aggrave, constate-t-elle. Les commerce, les banques, La Poest sont fermés. L'augmentation du prix du carburant est la goutte qui a fait déborder le vase. Il y a eu ce mouvement, et en parallèle, il y a des gens, délinquants ou autre, qui en profietnt pour faire de la casse. Mais je suis allée au devant d'eux : dans les "gilets jaunes", il y aussi des jeunes qui ont besoin de travail. Ils disent "on veut travailler, il n'y a pas d'emplois, les contrats aidés sont terminés, on augmente tout". Je pense qu'il faut très rapidement mettre en place des adaptations par rapport aux spécificités. En urgence, diminuer toutes ces taxes. Il ne faut pas oublier que la vie est chère : un yaourt qui coûte 2 euros, ici c'est 4 euros. On importe tout. Donc quelques centimes c'est énorme pour des gens qui n'ont que 400 euros par mois. »

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