Pour les associations, c'est une première et un geste fort : pas moins de trois ministres se sont déplacés dans le petit local de SOS Homophobie à Paris pour apporter leur soutien à la lutte contre les violences homophobes. Les associations LGBT - Lesbiennes-gays-bisexuels-transgenres - n'en peuvent plus de voir des visages tuméfiés, des lèvres boursouflées ou des nez qui saignent postés sur Internet.
« Cela montre que l’homophobie est ancrée dans nos sociétés, déplore Joël Deumier, président de SOS Homophobie. Elle persiste malgré l’évolution des droits, malgré l’évolution des mentalités. Et c’est la raison pour laquelle les associations LGBT ont tiré la sonnette d’alarme il y a deux semaines et ont interpellé le gouvernement pour dire : Il y en a marre, il y en a assez. On veut que le gouvernement et les pouvoirs publics prennent des mesures concrètes. »
Avec ce déplacement conjoint des ministres de l'Intérieur, de la Justice et de la secrétaire d'Etat chargée de la lutte contre les discriminations, le gouvernement entend démontrer sa mobilisation. Parmi les mesures qui devraient être mises en place, le ministre de l'Intérieur a annoncé « le doublement des effectifs de la cellule “haine discrimination” de la plateforme Pharos » qui veille sur les réseaux sociaux. Il a également évoqué la mise en place d'un « référent LGBT » dans les commissariats et groupements de gendarmerie. D'autres mesures émanant d'autres ministères devraient être annoncées prochainement.
Problème transversal
Marlène Schiappa a pour sa part salué cette action interministérielle, rappelant au passage que d'autres ministres sont engagés sur cette question. « Je pense au ministre de l’Education nationale qui a annoncé également des mesures pour lutter contre l’homophobie dès l’école, au secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, qui est très engagé sur les sujets de lutte contre la haine en ligne, et finalement l’ensemble de nos collègues : ça passe des Sports à l’Outremer ».
Pour la secrétaire d'Etat chargée de la lutte contre les discriminations, le lien entre le gouvernement et les associations est indispensable : « Nous avons besoin de les entendre, de les écouter, de les comprendre et de construire avec elles cette feuille de route ou ce plan d’action interministériel pour lutter ensemble contre ces agressions homophobes qui sont intolérables pour ne plus voir sur les réseaux sociaux ces visages tuméfiés, ces bleus, ces récits de personnes violentées, simplement en raison de leur vie amoureuse. »
Nicole Belloubet était également présente. La garde de Sceaux se félicite de cette réunion interministérielle et revient sur le volet judiciaire : « Il faut reconnaître qu'aujourd’hui, il y a une forme de paradoxe puisqu’il y a un nombre de plus en plus élevé de plaintes, mais des condamnations qui sont fondées sur des circonstances aggravantes liées à des faits d’orientation sexuelle de genre sont très peu nombreuses. Il faut absolument que nous améliorions ce rapport ». Sur cet aspect judiciaire, parmi ses mesures, la ministre envisage notamment la possibilité de déposer plainte en ligne.