Macron reconnait la contamination au chlordécone comme maladie professionnelle

En visite en Martinique où il a visité une exploitation polluée par le chlordécone jeudi 27 septembre, Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance de la contamination à ce pesticide comme maladie professionnelle.

Avec notre envoyé spécial en Martinique,  Julien Chavanne

Emmanuel Macron s'est rendu jeudi dans une exploitation agricole de Martinique polluée par le chlordécone, au Morne-Rouge, à 1 heure de route de Fort-de-France. Cet insecticide utilisé dans les bananeraies jusqu'en 1993 a empoisonné les cultures et l'eau. Neuf adultes sur dix ont été contaminés, ce qui entraîne notamment une explosion des cancers de la prostate. Le chef de l'Etat a annoncé que la contamination au chlordécone serait reconnue comme maladie professionnelle.

« A l'heure où je vous parle là, je suis sans doute atteinte d'un cancer quelconque qui va se déclarer dans quelque temps. » Francette Florimond dirige un magazine économique des Antilles. Elle ignore aujourd'hui si ses aliments ou l'eau qu'elle boit risquent ou non de la rendre malade. « Tout ce que je mange, je n'ai pas la certitude que ce n'est pas contaminé », s'inquiète cette Martiniquaise.

Pour elle, l'Etat ferme les yeux et minimise l'ampleur du scandale. L'aveuglement était « collectif », répond Emmanuel Macron, les pieds plantés dans un champ de tomates et d'aubergines contaminées. « L'Etat doit prendre sa part de responsabilité dans cette pollution et doit avancer dans le chemin de la réparation », a déclaré le chef de l'Etat.

Contrôles des sols et reconnaissance comme maladie professionnelle

Deux promesses : les contrôles des sols vont se multiplier, et surtout l'exposition au chlordécone sera donc bientôt reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs. Des mesures largement insuffisantes pour Anaïs Chardon-Janvier, du syndicat Jeunes agriculteurs. « Il semble réceptif mais aujourd'hui moi je veux aller au-delà des mots, des belles paroles et des beaux discours. Je veux qu'il y ait des conditions concrètes qui soient posées sur la table. Ce n'est pas normal. »

Emmanuel Macron n'ira pas plus loin. Le reste de la population devra toujours payer de sa poche pour se faire dépister. Et aucune indemnisation n'est prévue pour les terres contaminées alors que le chlordécone pourrait mettre des siècles à disparaître des terres antillaises.

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