France: l’angoisse des «recalés» de la procédure principale de Parcoursup

La phase principale de la plateforme d'entrée dans les études supérieures Parcoursup a pris fin la nuit dernière, le 6 septembre à minuit. Selon les chiffres du ministère de l'Education nationale, 7 745 candidats sont toujours sans affectation pour la rentrée 2018. Déçus des choix proposés et face à l'urgence de trouver un logement, la phase complémentaire, qui doit prendre fin le 21 septembre, est pour le moins anxiogène pour eux.

« On est le 6 septembre et je ne sais pas ce que je vais faire de mon année. » Ludovic, 17 ans, ne cache pas son inquiétude. Contrairement à la plupart de ses amis qui ont déjà repris les cours, lui ne sait toujours pas où et quand il pourra étudier. Pas plus tard qu'hier, l'adolescent gardait encore espoir, classé deuxième de l’établissement francilien qu’il souhaitait intégrer, en BTS Comptabilité et gestion. Sauf que depuis, la phase principale de Parcoursup s'est achevée.« Dans la nuit et ce matin, j’ai essayé de me réinscrire pour cet établissement... sans succès. J’ai donc appelé: il n'y avait plus de place », déplore-t-il.

Comme Ludovic, ils sont « un peu plus de 3 000 bacheliers » toujours sans affectation, selon la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ce jeudi matin sur RMC et BFMTV. C'est sans compter le nombre d'étudiants en réorientation, ammenant à un total 7 745 candidats « recalés ». Alors que la rentrée a déjà commencé dans de nombreux établissement, ces derniers avouent perdre espoir sur la phase complémentaire de Parcoursup, jugée anxiogène.

« La réorientation radicale ou le déménagement »

Anissa, 20 ans, partait également confiante. Ayant réussi brillamment les concours d’entrée à l’IRTESS à Dijon, à l'issue de son bac L en 2016, elle avait décidé de se réorienter en sciences de l’éducation pour la rentrée. On lui promet un passage automatique. Mais suite à la réforme d'accès à l'université, elle doit finalement s'inscrire sur Parcoursup.

Premier problème : elle n’est plus prioritaire du fait de sa réorientation. Commence alors une période de stress constant, à se connecter plusieurs fois par jour pour consulter les listes d'attente. A la fermeture de la phase principale de Parcoursup, elle était parvenue à la sixième place. « La phase complémentaire est une arnaque absolue », assène-t-elle, amère. « Ce sont les formations où il reste de la place, mais pas celles qu’on recherche. On me propose la réorientation radicale ou le déménagement à l’autre bout de la France. Sans le soutien financier de mes parents, c’est impossible. »

180 000 abandons d’inscrits

Une situation similaire à celle de Kelyan, 19 ans. Son projet : une licence Sciences pour la santé à la rentrée. Hautement improbable en fin de compte, estime-t-il, défaitiste. « Ce système est stupide. Les endroits où il reste de la place, on ne les as pas mis de base car ils nous interessent pas », peste-t-il. « Plus le temps passe, et plus on se rapproche de la rentrée. On ne sait même pas dans quelle ville on va aller, on ne peut pas chercher un logement. »

Au total, ce sont environ 580 000 jeunes qui ont accepté les propositions reçues sur les 812 000 inscrits sur Parcoursup. Outre 40 000 personnes dites « inactives », la plateforme a enregistré l’abandon de 180 000 candidats. Certains d'entre eux ont décidé d'abandonné leurs études, d'autres se sont tournés vers des formations qui ne figurent pas sur Parcoursup, notamment dans le privé. Un choix pour le moment écarté par les personnes intérrogées, à cause des frais d'inscription souvent très élévés. La phase complémentaire pour eux durera jusqu'au 21 septembre inclus, date de fin de la procédure Parcoursup.

David Pauget

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