Les auteurs du rapport se sont surtout penchés sur les attaques en désinformation provenant d'acteurs étatiques et dirigés contre les démocraties. Les auteurs : la Chine et la Russie qui ont investi les réseaux sociaux, parfois par le biais de personnalités fictives.
« Il y a de fausses identités en ligne qui ont été interviewées par la presse, qui ont été citées dans le New York Times et qui en fait n’existent pas. Il y en a une qui s’appelle Jenna Abrams, qui est un cas connu et qui était une création de Internet Research Agency (IRA), la fameuse usine à trolls de Saint-Pétersbourg qui a été montée par les Russes », explique Jean-Baptiste Vilmer, directeur de l’IRSEM.
Les Sud-américains et les Africains particulièrement vulnérables
Fuites massives de donnés, campagne de déstabilisation, l'Europe et l'Amérique du Nord sont sensibilisées à ces problèmes, mais les populations sud-américaines ou africaines sont particulièrement vulnérables.
« Ce sont des populations qui sont très peu éduquées et donc qui ont généralement peu d’esprit critique face à ce qu’elles reçoivent des médias. Elles sont néanmoins très connectées, ce qui n’était pas le cas avant. [Des populations] qui sont traversées par des tensions ethniques, raciales, religieuses et autres qui sont facilement instrumentalisables et qui en plus ont un fort ressentiment anticolonial. Et donc ça c’est un cocktail explosif qui est déjà utilisé dans certains endroits comme, par exemple, la RCA contre les anciennes puissances coloniales, en l’occurrence la France. »
La guerre de l'information n'est pas seulement virtuelle. Le rapport rappelle l'importance des réseaux physiques : câbles sous-marins au fond des océans ou satellites en orbite, qui, eux aussi, sont des cibles.
La ministre des Armées plaide pour un dialogue avec la Russie
La manipulation de l'information est considérée comme une « arme puissante et insidieuse » par la ministre française des Armées, Florence Parly. Elle l'a dit mardi 4 septembre, lors de la remise de ce rapport, à l'école militaire à Paris.
« On ne parviendra pas seuls à abattre le mensonge. Ce combat, c’est un travail d’équipes, un travail entre les ministères, une coopération aussi avec les acteurs privés qui doivent être en mesure de détecter et de stopper par eux-mêmes les avalanches de contrevérité. La lutte contre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes a permis de grandes avancées dans nos relations avec les géants de l’Internet », a-t-elle affirmé.
Florence Parly a aussi plaidé pour davantage de coopération internationale, y compris pour l'ouverture d'un dialogue avec la Russie sur cette question délicate.
« Nos coopérations, enfin, doivent être tournées vers nos alliés qui sont tout autant touchés que nous. Je pense aussi aux échanges que nous devons avoir avec la Russie car la désinformation fait partie intégrante de notre paysage stratégique et ce rapport montre, sans ambiguïté, l’implication russe dans les campagnes de désinformation qui touchent les pays occidentaux. Pour autant, il est plus nécessaire que jamais d’établir un dialogue avec la Russie sur l’architecture de sécurité européenne. Cette discussion doit porter aussi sur la manipulation de l’information, avoir un dialogue franc sur cette question qui est d’intérêt commun pour la Russie, comme pour l’Europe », a-t-elle ajouté.