« Rien, rien sauf la force menaçant la sécurité de notre navire (...) ne nous fera renoncer à notre triple mission : sauver, protéger, témoigner », a promis Francis Vallat, président de SOS Méditerranée lors d'une conférence de presse ce mercredi, alors que l'Aquarius reprend ses opérations de sauvetage en Méditerranée après un mois d'escale technique à Marseille.
Initialement prévue pour durer quelques jours, celle-ci avait été prolongée pour « comprendre ce qui se passe » au niveau européen, indiquent les responsables de l'ONG. Au mois de juin, l'Aquarius et les 630 migrants qu'il avait sauvés avaient erré plusieurs jours en Méditerranée à la recherche d'un port où ils pourraient débarquer. Après le refus de l'Italie et Malte, c'est finalement l'Espagne qui avait accepté de leur ouvrir ses portes.
Aujourd'hui, les secouristes du bateau à coque blanche et orange repartent en mer sans l'assurance de pouvoir accoster, au besoin, dans un port italien. Mais le contexte fait que l'action est ONG est aujourd'hui primordiale. « Depuis quelques mois, on sait que les autorités européennes retirent leur capacité de recherche qui était jusque-là très performante, indique Antoine Laurent, responsable des opérations maritimes de SOS Méditerranée. Elles passent la main aux autorités libyennes (...) qui, malgré tous leurs efforts, ne sont pas du tout en capacité d’assurer la sécurité dans une zone aussi grande. »
Mais si SOS Méditerranée et Médecins sans frontières continueront à coordonner les sauvetages avec les autorités maritimes, y compris libyennes, elles préviennent : pas question de ramener quiconque en Libye. « Tout le monde s’accorde sur le fait que, aujourd’hui, la Libye ne peut pas être considérée comme un port sûr pour les personnes qui dérivent en Méditerranée centrale, et c’est pour cette raison qu’il est impossible de les ramener en Libye », justifie le directeur des opérations de SOS Méditerranée Frédéric Penard.
Depuis son départ du port de Marseille en février 2016, l'Aquarius a sauvé 29 318 hommes, femmes et enfants de la noyade, dont 2 979 depuis le 1er janvier 2018, précise SOS Méditerranée dans un communiqué, tandis que depuis quatre ans, au moins 15 000 personnes sont mortes noyées en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe à bord d'embarcations de fortune.
► à (ré)écouter: Antoine Laurent, responsable des opérations maritimes pour l’association SOS Méditerranée, est l'invité de RFI ce jeudi matin