Benalla: la majorité ressoudée par les mots de Macron, l'opposition agacée

Depuis le déclenchement de l'affaire Benalla, la prise de parole d'Emmanuel Macron était attendue. Elle est intervenue mardi 24 juillet 2018 lors d'un pot organisé pour la fin de la session parlementaire devant les ministres du gouvernement, les députés et les sénateurs du parti La République en marche. Mais au Parlement, le débat continue et l'intervention du président ne fait pas l'unanimité.

Emmanuel Macron a mis sa casquette de chef. A l'entendre, pas question de donner des têtes à couper, car c'est lui le responsable unique dans cette affaire Benalla qui défraie la chronique. Son directeur de cabinet lui avait pourtant quasi offert la sienne, de tête, quelques instants plus tôt devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Mais le chef de l'Etat dénonce la « République des fusibles ».

Même s'il est sous pression, le chef de l'Etat français a essayé de démontrer qu'il restait fidèle aux valeurs qu'il a défendues jusqu'ici, et à l'image d'un président responsable et courageux. De quoi rassurer ses troupes, réunies devant lui mardi soir et qui, depuis une semaine, semblaient désorientées. Du côté de la majorité parlementaire, cette prise de parole est en effet saluée.

« Je crois qu’il faut en rester là »

« C’est une parole forte quand même du président de la République. On l’a tous entendu : président courageux et qui assume, comme depuis le début. Donc, en même temps, je ne suis pas étonnée. Je crois que ce que le président de la République a voulu dire, c’est qu’il est calme et serein. Il assume ses responsabilités », estime Naïma Moutchou, députée LREM, interrogée par RFI.

« La Commission d’enquête continue de faire son travail, et donc avec cet ensemble, je pense que nous parviendrons à trouver la vérité, espère l'élue de la majorité. Nous sommes quand même dans un Etat de droit. La France est une grande démocratie, il y a des règles, il y a notamment des règles constitutionnelles. »

Et donc, « le président n’a pas de forme de responsabilité, notamment devant le Parlement, et nous ne pouvons pas le contraindre. Je ne suis pas la seule à le dire. D’ailleurs, mes collègues républicains, et en particulier M. Larrivé comme Mme Le Pen - je l’ai entendue hier - confirment ces principes. Et je crois qu’il faut en rester là », plaide la parlementaire, manifestement hostile à une convocation du chef de l'Etat devant la commission d'enquête.

Emmanuel Macron et ses troupes engagent donc la riposte politique, à un moment où les sondages indiquent que sa cote de popularité a été fortement impactée par l'affaire Benalla, et où l'opposition s'est engouffrée dans la brèche pour essayer de reprendre des couleurs. Une opposition qui dénonce néanmoins, désormais, le fait que le chef de l'Etat ait choisi de s'exprimer devant la majorité parlementaire plutôt que devant les Français.

« Une forme de bras d’honneur »

« Ce qui me choque, c’est la forme. Ce qui me choque, c’est le mépris, l’arrogance, l’énervement. On était manifestement en présence d’un président de la République qui avait perdu toute forme de sérénité. On attend d’un président de la République de la hauteur, y compris en temps de crise. On attend de la vérité. J’ai été finalement un peu choqué par cette forme de provocation », confie le député Les Républicains Eric Ciotti, très actif au sein de la commission.

« Ça confirme que le président de la République pense qu’il a tous les droits, qu’il est au-dessus de toutes les règles, qu’il fait ce qu’il veut, conclut l'élu de droite. "Je suis responsable, mais sans doute pas coupable." Ça nous rappelle le vieux monde, comme il l’a décrit si souvent. Non, cette attitude, ce comportement est quelque part extrêmement choquant. C’est une forme de bras d’honneur au pays. "Je fais ce que je veux. Circulez, il n’y a rien à voir. Oui, il y a une faute, et alors ?" »

Partager :