Libye: une deuxième plainte pour «torture» déposée contre le maréchal Haftar

Une deuxième plainte pour « torture » a été déposée en France contre le maréchal libyen Khalifa Haftar le 18 avril dernier auprès du pôle « crime contre l'humanité » du tribunal de Paris. Elle n'a été rendue publique que ce 29 mai alors que l'homme fort de l'Est libyen était en visite à Paris pour une conférence internationale visant à sortir le pays du chaos.

L'identité du plaignant, qui vit toujours en Libye et dont plusieurs membres de la famille ont été assassinés, ne peut être rendue publique pour des raisons de sécurité.

En avril dernier, son avocate, Ingrid Metton, a saisi le pôle « crime contre l'humanité» du tribunal de Paris alors que le maréchal Khalifa Haftar se faisait soigner en France. Le plaignant affirme que son foyer familial a été attaqué en octobre 2014 et plusieurs membres de sa famille assassinés.

« Mon client a vu son domicile familial attaqué en 2014 dans le cadre de l'opération "Dignité" du maréchal Khalifa Haftar, au cours de laquelle il a pris le contrôle de l'Est libyen dans le sang, raconte Me Metton. Il a ensuite été détenu pendant trois semaines et torturé. Ce n'était ni un opposant, ni une personne affiliée à un quelconque groupe terroriste ».

Compétence universelle

« Cette plainte vise à montrer que la Libye vit dans le chaos et dans le sang depuis sept ans, poursuit l'avocate. Il y a une volonté affichée de la France de ramener la paix et la réconciliation nationale en Libye. Il est inenvisageable que cette réconciliation se fasse dans l'impunité ».

Cette plainte avec constitution de partie civile a été déposée le 18 avril dernier en vertu de compétence universelle, un mécanisme qui permet de poursuivre des faits commis à l'étranger dès lors que la personne visée se trouve sur le territoire national.

Sa révélation intervient alors que les quatre principaux protagonistes de la crise libyenne, dont Khalifa Haftar, se sont réunis à Paris ce 29 mai. Ils se sont engagés à organiser des élections le 10 décembre pour sortir leur pays du chaos sept ans après l'intervention occidentale de 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : d'un côté le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli et, de l'autre, une autorité exerçant son pouvoir dans l'est du pays avec le soutien du maréchal Haftar.

Dans une autre plainte, déposée auprès du parquet de Paris, Ali Hamza, un citoyen libyen et canadien résidant au Canada, réclame à la France d'enquêter sur les exactions qu'auraient commises les forces de l'Armée nationale libyenne du maréchal en 2016 et jusqu'en mars 2017 pendant le siège de Benghazi, où ont été tués sa mère et quatre de ses frères et soeurs.

(Avec AFP)

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