Les politiques, les personnalités médiatiques et les journalistes figurent parmi les premières victimes de ces messages vindicatifs pour ne pas dire orduriers. Cette déferlante de commentaires haineux et vexatoires sont tous rédigés par de parfaits anonymes constate en préambule, l’étude de la société Netino, spécialisée dans la modération des contenus sur les plateformes sociales. « La haine sur internet se mesure, mais s'explique plus difficilement » prévient toutefois l’agence sur son compte Twitter.
Les cibles de la vindicte
La mission gouvernementale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme en ligne, créée en mars dernier par le Premier ministre, a commandité ce rapport. L’étude porte sur l’analyse d’environ 11 000 commentaires publiés au mois de mars et, avant leur modération, des 24 pages Facebook tenues par de grands médias français, de la presse écrite, des radios et des télévisions. Les auteurs de ces messages sont en majorité des hommes constate Netino. Un peu moins de la moitié des contenus haineux identifiés sont qualifiés « d’agressivité générique », c'est-à-dire sans cible particulière.
Les insultes contre des personnalités publiques, la classe politique et les journalistes médias représentent un tiers de ces missives venimeuses. Viennent ensuite des messages hostiles sur l’origine ethnique et la couleur de peau. Cette haine en ligne n’épargne pas les pauvres, les étudiants ou les personnes âgées. Les fonctionnaires en prennent également pour leur grade ainsi que l'appartenance religieuse de bon nombre de nos concitoyens. Les attaques sexistes ou liées à l'orientation sexuelle figure aussi dans le classement de ce panorama peu reluisant.
Vers un code de conduite ?
Les résultats de l’étude ont vivement fait réagir Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique. « On doit mettre fin à cette impunité ! En se donnant la capacité de poursuivre les auteurs de ces propos insoutenables ! », a commenté le ministre à la remise du rapport.
Par ailleurs, afin d’endiguer ce phénomène inquiétant qui se répand dans les pays de l’Union, la Commission européenne incite les grandes plateformes du web social à signer un « code de conduite » pour lutter contre les discours de haine. Facebook, Microsoft, Twitter, YouTube et, depuis janvier 2018, Google+ et Instagram se sont engagés à retirer les contenus insultants en moins de 24 heures. Snapchat, le réseau sur mobiles d’échange de photos ou de messages éphémères, vient de rejoindre l’initiative pour extirper du web cette déferlante de cyber-violence qui gangrène depuis trop longtemps, la Toile et les réseaux sociaux.