«Complément d'enquête» sur Bolloré: «équilibré» ou «à charge»? Réponse le 5 juin

Vincent Bolloré a-t-il été victime d'un reportage diffamatoire ? La justice française s'est penchée sur la question mardi 4 avril au tribunal de Nanterre, en région parisienne. L'homme d'affaire a déposé une plainte contre X en 2016, après la diffusion d'une enquête sur France 2 consacrée à son parcours. Un travail récompensé du prestigieux prix Albert-Londres. Son titre : « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ? » En cause dans ce reportage : plusieurs extraits consacrés aux activités de l'homme d'affaire en Afrique.

Neuf extraits sont ciblés dans le cadre de ce procès. Plusieurs sont consacrés aux activités de la Socapalm. La société, dont Vincent Bolloré est actionnaire, produit de l'huile de palme au Cameroun. Le reportage montre des sous-traitants, parfois mineurs et sans vêtements de protection dans les palmeraies.

Une enquête « parfaitement sérieuse, documentée » et « équilibrée » selon Juliette Felix, l'une des deux avocates de la défense. Son client, Tristan Waleckx, auteur du reportage, l'a dit dès le début de l'audience : « Je n'ai pas d'animosité personnelle contre Vincent Bolloré ». L'idée de ce reportage, explique-t-il, était d'étudier le personnage « dans toute sa complexité ». « Tout ce que j'ai dit est vrai » s'est-il défendu face au tribunal.

Tristan Waleckx, poursuivi dans cette procédure avec la présidente de France Télévisions - absente à l'audience -, a été longuement questionné sur l'« équilibre » et « la prudence dans le propos » dans ce reportage qui lui a demandé six mois de travail. Le reporter de 32 ans a affirmé avoir essayé à maintes reprises de rencontrer Vincent Bolloré. En vain.

L'accusation dénonce des « raccourcis »

Un avis que ne partage pas Me Olivier Baratelli, l'avocat de Vincent Bolloré. Il dénonce un reportage « à charge » et « des raccourcis journalistiques ». Sa ligne de défense : la participation minoritaire de son client dans la Socapalm
De fait, estime-t-il, on ne peut lui imputer les faits ou manquements présentés dans le reportage. En vertu de quoi M. Bolloré demande une « réparation » pour le préjudice subit : 450 000 euros au total.

Mais pour l'un des témoins présents au procès, le quotidien de ces travailleurs est encore plus difficile que ne le montre le reportage. Emmanuel Elong est le président de la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun.

Ni le président du Conseil d'administration de la Socapalm, Michel Noulouwe, ni l'avocat de Vincent Bolloré, Me Olivier Baratelli, n'ont souhaité s'exprimer sur ce dossier à l'issue du procès.

La justice française rendra son délibéré le 5 juin prochain.

A noter qu'une autre procédure en diffamation a été intentée au Cameroun par la Socapalm contre l'auteur du reportage et le groupe France Télévision qui l'a diffusé. Une procédure distincte s'est tenue la semaine dernière devant le tribunal de commerce de Paris. Procédure durant laquelle l'avocat de Vincent Bolloré a réclamé 50 millions d'euros de dommages et intérêts pour atteintes aux intérêts commerciaux du groupe Bolloré.

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