■ Radouane Lakdim était toujours suivi par les services de renseignements
L'homme qui a assassiné quatre personnes à Carcassonne et Trèbes vendredi 23 mars était fiché S (pour « sûreté de l'Etat ») et inscrit depuis novembre 2015 au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), a indiqué ce lundi François Molins. En mars 2018, il faisait toujours l'objet d'un « suivi effectif » par les services de renseignement.
« Il faisait l'objet de la part des services de renseignement d'un suivi effectif toujours en cours en mars 2018, mais qui n'avait pas permis, je le répète, de mettre en évidence des signes précurseurs d'un passage à l'acte ni des velléités de départ sur la zone irako-syrienne », a poursuivi le procureur de Paris. Bref, son profil, a souligné le procureur n'avait « rien d'inquiétant ».
Alors que des critiques se sont élevées à droite à l'extrême droite au sujet du suivi de l'assaillant, François Molins a rappelé le caractère endogène de la menace terroriste en France, insistant sur « les difficultés du suivi des individus radicalisés ».
■ Sa compagne a crié « Allah Akbar » lors de son interpellation
La compagne de Radouane Lakdim a crié « Allah Akbar » lors de son interpellation vendredi, mais elle « conteste avoir été associée au projet mortifère de son petit ami », rapporte le procureur. Elle n'avait plus de contacts téléphoniques avec son compagnon depuis janvier, mais elle est soupçonnée d'avoir poursuivi des échanges via des applications sécurisées.
La jeune femme de 18 ans a dit aux enquêteurs s'être convertie à l'âge de 16 ans. Sans antécédents judiciaires mais fichée S, « elle présente tous les signes d'une radicalisation ». Tôt le matin des attentats, « elle a posté [sur les réseaux sociaux] une sourate promettant l'enfer aux mécréants », a indiqué François Molins.
■ Le geste héroïque du lieutenant-colonel Beltrame détaillé
Le procureur de Paris a révélé de nouveaux détails sur la prise d'otage du Super U de Trèbes et le geste héroïque du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. L'officier s'est rendu avec son unité dans le magasin où Radouane Lakdim venait d'abattre deux personnes. Constatant que l'assaillant retenait une femme en otage, Arnaud Beltrame a engagé une négociation. « Il a levé les mains en l'air, déposé son arme et demandé à prendre la place de la personne prise en otage », a rapporté François Molins.
Le gendarme est entré à 11h28 dans la salle des coffres où s'était replié l'assaillant avec son otage qu'il a libérée quelques minutes plus tard. Il a ensuite contacté ses collègues pour leur demander de quitter les lieux. Il leur a indiqué que Radouane Lakdim exigeait la libération de Salah Abdeslam, seul terroriste survivant des attaques du 13-Novembre, et qu'il menaçait de « faire péter les grenades », des engins explosifs disposés à plusieurs endroits du magasin.
Le GIGN, arrivé sur place à 12h10, a tenté d'engager une négociation avec l'assaillant. Celui-ci est sorti de la salle des coffres, se servant du lieutenant-colonel Beltrame comme bouclier humain en le menaçant d'une arme de poing posée sur sa tempe. A 14h16, après avoir entendu trois coups de feu, le GIGN a donné l'assaut lors duquel le terroriste a été abattu.
Un hommage national sera rendu à l'officier de gendarmerie ce mercredi 28 mars à partir de 11h30 aux Invalides, à Paris.