Avec notre envoyé spécial à Trèbes, Stéphane Lagarde
Au total, une centaine de personnes ont déjà été reçues depuis la fin de la prise d'otages du Super U de Trèbes, affirme le préfet de l'Aude. Deux cellules d'assistance aux victimes et à leurs proches ont été mises en place à la mairie de Trèbes ainsi qu'à l'hôpital de Carcassonne.
Les victimes restent le plus souvent enfermées dans leur bulle, sidérées par ce qu'elles ont vécu. « Elles se regroupent, elles se réconfortent, mais j'ai l'impression qu'à ce jour, nous sommes des intrus. C'est très difficile pour nous de rentrer en contact avec elles parce qu'il y a un refus de leur part », confie un psychologue.
Se reconstruire prendra du temps. Les personnels du Super U sont parmi les victimes les plus traumatisées. « Ce sont essentiellement des employées. Elles sont complètement stressées, murées dans la peur qu'elles ont eue et dans le souvenir de tout ce qu'il s'est passé », indique Jean-Marc Bernis, président de l'association France Victimes Carcassonne.
Une troisième cellule d'assistance a été mise en place à Carcassonne dans les locaux de l'association France Victimes. Elle restera ouverte ce dimanche. Il en sera de même à la mairie de Trèbes où les membres de la Protection civile, de la Croix-Rouge, ainsi que les psychologues et les juristes restent sur le pont tout le week-end.
Un CRS miraculé
Dans ce concert de drames, une bonne nouvelle : le CRS touché par le tueur du Super U va mieux. Un héros miraculé, qui se remet à l'hôpital de Carcassonne.
Alors que la France apprenait le décès du gendarme Arnaud Beltrame, Frédéric, CRS pris pour cible par le terroriste vendredi, a frôlé le même sort que le lieutenant-colonel.
« C'est passé vraiment très très proche. Le gars les a surpris par derrière, a tiré, la balle est rentrée sous l'aisselle et est ressortie au niveau du sein gauche. C'est passé à 1 cm du coeur. Il a frôlé la mort. Deux côtes cassées, une lésion au niveau du poumon », explique Brice Bertonieux, ami et délégué général adjoint du syndicat Alliance-CRS pour l'Occitanie.
Un moindre mal quand on imagine ce qui se serait passé si le tueur avait poursuivi son action. Quatre CRS faisant leur footing ont essayé des tirs du jeune homme radicalisés. Avec là aussi des agents d'un courage exceptionnel prêt à se défendre à mains nues. « Ils étaient prêts à l'affronter. C'est ce qu'ils m'ont tous dit : "on avait rien, mais on était prêts à lui sauter dessus. Et à ce moment-là, quand le collègue a levé la tête, il a vu le tireur, qui a tiré la dernière balle dans sa direction, elle a cassé la vitre sans l'atteindre heureusement. A ce moment-là, le tireur est reparti direction Trèbes, finir au supermarché. »
Reste maintenant à Frédéric à se remettre des blessures psychologiques. Ses collègues qui pour deux d'entre eux ont déjà repris le travail, évoquent un collègue solide, un guerrier. Policiers et gendarmes sont unis dans la tragédie. Samedi, à l'hôpital, les familles de Frédéric, le CRS, et du gendarme Arnaud Beltrame étaient dans la même salle d'attente réservée aux victimes de l'attentat.