C’est un « homme à terre », « humilié et honteux » que décrit Me Dupont-Moretti en entamant sa plaidoirie. Un homme loin du ministre arrogant qui s’est enfoncé dans son mensonge, les « yeux dans les yeux » devant la représentation nationale. Certes, il y a la fraude, mais Jérôme Cahuzac n’en a pas profité, estime son avocat.
La voix grave du ténor du barreau fait alors trembler l’écran où est retransmis l’audience dans les couloirs du palais, pour dire qu’il n’y a pas de voiture de sport dans son cas, car « ce pognon, il l'a traîné comme un boulet ». « Des exemples de fraudes fiscales, j’en ai 1 000 », lance-t-il, avant d’en citer certains cas : les 100 millions dans les paradis fiscaux de l’affaire Bettencourt, un chanteur qui a reçu à sa mort un hommage national après avoir passé sa vie à échapper à l’impôt - jusqu’à changer de nationalité -, entre autres, a-t-il évoqué en référence au chanteur Johnny Hallyday.
Me Dupont-Moretti a également cité la jurisprudence récente sous forme d’inventaire à la Prévert : un député, un sénateur, un joueur de football et même un procureur… Tous accusés d’avoir fraudé et tous condamnés à du sursis.
Reste néanmoins le reproche du mensonge. « C’est vrai il a menti, copieusement, insupportablement menti, concède l’avocat. Mais à l’époque des faits, la fraude fiscale était un sport national. »
Il demande alors à la cour de protéger de la vindicte populaire son client dans une affaire exceptionnelle. Car selon lui, ce dernier a déjà été « exceptionnellement puni, humainement, socialement… Ses amis, ses soutiens sont partis ». L’avocat marque alors une pause avant de conclure en s’adressant à l’avocat général, à qui il reproche son acharnement face à un homme à terre et dont la vie ne peut se résumer à son seul mensonge, selon lui : « Jérôme Cahuzac, a encore son chien, lui est toujours là. »