Parmi les dizaines de salariés de maisons de retraite présents à cette réunion, il y a Jeanne. Elle travaille depuis quinze ans comme aide-soignante, et déplore la pression qui ne cesse d'augmenter à cause du « manque de personnel surtout » : « parfois, on se retrouve tout seul avec seize résidents, donc ça devient de plus en plus difficile et on est obligé d'aller vite. Ca nous met la pression. »
Et cette pression a des répercussions sur la prise en charge des résidents, d'où le soutien de leurs proches. « On soutient bien évidemment cette journée parce que l'on voit dans la pratique quotidienne que les conditions de travail des personnels dans les Ephad ont un impact direct sur la santé et le bien-être ou le mal-être des résidents, explique Michèle Dessenne, du collectif de familles d'une maison de retraite à Montreuil. Dans le service où se situe ma mère, il y a trente personnes, dont huit en situation de grande dépendance, et il n'y a que deux aides-soignantes pour s'occuper d'elles. » Et les effectifs seraient en diminution, selon elle : « Elles étaient trois l'année dernière, elles sont passées à deux. Donc c'est une catastrophe parce que les pauvres aides-soignantes n'ont pas assez de temps. J'appelle toutes les familles à dire que les seules voies d'amélioration pour la santé et la qualité de vie de nos parents qui ont une moyenne d'âge de 85 ans quand ils entrent en Ephad, c'est de jouer collectif. »
Moins de personnels et plus de résidents à prendre en charge, les maisons de retraite du public et du privé tirent la sonnette d'alarme et interpellent les autorités politiques sur la situation. Albert Papadatche est délégué syndical central CGT du groupe Korian. Il dénonce la disparition des Ehpad publics au profit des groupes privés à but lucratif. « La problématique, c'est que toutes les politiques gouvernementales veulent supprimer le service public. Donc on transfère tout ce qui est public - qui n'est pas censé "faire de l'argent" mais qui est censé rendre service au public - au privé parce que ça rapporte du fric. Demain, les agents du public vont passer dans le privé parce que les maisons de retraite du public, d'une manière ou d'une autre vont avoir une baisse de subventions drastique du gouvernement Macron. Et là on supprime 200 millions d'euros aux Ehpad publics : comment vont-ils faire pour subvenir à leurs besoins ? »
Louisette, infirmière en Ehpad, attend donc beaucoup de ce mouvement pour faire correctement son travail. « On souhaite qu'ils nous donnent du personnel pour travailler, qu'ils augmentent les salaires. »
La ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn a annoncé jeudi dernier que 50 millions d'euros seront débloqués pour aider les Ehpad qui souffrent d'un manque de moyens.