Un an de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende en première instance pour favoritisme: la condamnation du patron du groupe public Radio France ne passe pas en haut lieu. Les faits remontent à l'époque où Mathieu Gallet dirigeait l'Institut national de l’audiovisuel (INA). Il lui est reproché d'avoir favorisé deux sociétés de conseil sans mise en concurrence. Mathieu Gallet, qui a fait appel de ce jugement, a depuis le début indiqué qu'il ne démissionnerait pas et qu'il irait au bout de son mandat en mai 2019.
Le président Macron a récemment annoncé vouloir réformer en profondeur tout le secteur de l'audiovisuel public, télé et radio, et Françoise Nyssen, ministre de la Culture appelle aujourd'hui le PDG de Radio France à tirer les conséquences de sa condamnation. « La situation n'est pas acceptable, explique-t-elle, les dirigeants d'entreprises publiques doivent être exemplaires. »
La loi donne aujourd'hui au seul Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), autorité indépendante, le pouvoir de nommer et de défaire les mandats des dirigeants des sociétés de l'audiovisuel public. Les « sages » devraient aborder le sujet ce mercredi lors de leur assemblée plénière hebdomadaire. Ils n'ont jamais été confrontés à un tel précédent.
En attendant, le cas de Mathieu Gallet n'a pas manqué d'être commenté à l'Assemblée nationale. Et pour le député de la France insoumise Eric Coquerel, l'affaire montre que l'Etat est à la manoeuvre dans le choix des dirigeants de l'audiovisuel public, quoi qu'en dise la loi. « Très clairement, pour l'Etat, le CSA n'a aucune importance. C'est l'Etat qui continue d'exercer une fonction de tutelle et quasiment de direction sur les médias de service public », estime-t-il.
Qu'importe la méthode, aux yeux du député Les Républicains Philippe Gosselin qui se dit d'accord sur le fond avec le gouvernement. « Même si la ministre n'était pas intervenue, d'autres voix auraient pu s'élever, qui auraient eu le même résultat », avance-t-il. Comme d'autres élus, à droite ou à gauche, Philippe Gosselin est persuadé que le sort de Mathieu Gallet est déjà scellé.
► à (ré)lire: L'audiovisuel public invité à se «transformer», la Chronique médias d'Amaury de Rochegonde