De notre envoyé spécial,
La cour a estimé que Mohamed Merah avait agi seul lors de ses passages à l’acte, sans son frère. En tout cas, en l’absence de preuves suffisantes, le bénéfice du doute a profité à l’accusé. Il a donc été acquitté du chef de complicité d’assassinat, qui aurait pu lui valoir la perpétuité.
Mais en ce qui concerne l’association de malfaiteurs terroriste, les jurés ont estimé qu’Abdelkader Merah avait bien influencé son petit frère, notamment en le radicalisant et en lui donnant des conseils pour commettre un attentat. C’est la raison pour laquelle il a été condamné à la peine maximale encourue pour ce chef d’accusation, soit 20 ans de prison.
La défense satisfaite de l'acquittement pour complicité d'assasinat
Les conseils des parties civiles et de la défense estiment ainsi avoir convaincu la cour : chacun voit un petit peu ce qu’il veut voir. La défense insiste sur l’acquittement, les parties civiles sur la condamnation, évidemment.
Mais si l’on prend un peu de recul, pour l’avocat d’une partie civile, Philippe Soussi, ce verdict prouve avant tout que la justice est capable de juger de façon mesurée un acte de terrorisme : « Pendant cinq semaines, la défense d’Abdelkader Merah a expliqué que la justice antiterroriste ne pouvait pas être rendue dans des conditions équitables. La preuve vient de démontrer que la justice a été rendue, qu’elle satisfasse ou pas, elle a été rendue. »
Pour Ariel Goldman, avocat de la famille Sandler : « La cour d’appel spéciale de Paris n’a pas plié ni cédé, ni devant les terroristes de tout poil, ni devant certaines menaces qui avaient pu lui être, de façon voilée, adressées… »
Latifa Ibn Ziaten, en larmes
« Ce n’est pas ce que j’attendais », a déclaré Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohamed Merah. Abdelkader Merah, condamné à 20 ans de réclusion, n’en fera peut-être que 15. C’est la peine de sûreté. Cela fait déjà cinq ans qu’il est en prison. Autrement dit, il pourrait être libre dans une dizaine d’années.
Fettah Malki, accusé d'avoir vendu l'arme et le gilet pare-balle qui ont servi à Mohamed Merah pour ses assassinats, a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs. Il a l'intention de faire appel, tout comme le parquet général de Paris qui a annoncé ce vendredi 3 novembre qu'il faisait appel de l'acquittement partiel d'Abdelkader Merah.
En faisant appel, le ministère public souhaite que la justice se penche de nouveau sur cette accusation. L'avocate générale, Naïma Rudloff, lors de son réquisitoire avait déjà tenté de démontrer la culpabilité d'Abdelkader Merah pour complicité d'assassinat. Mais faute de preuves, les jurés ont accordé le bénéfice du doute à l'accusé en l'acquittant de ce chef d'accusation. En appel, c'est une cour d'assises composée de 9 magistrats, tous différents de ceux qui ont siégé en première instance qui jugera l'affaire. Mais l'avocat général, celui qui requiert la peine, lui, peut rester le même qu'en première instance. Naïma Rudloff avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité pour Abdelkader Merah.