#Balancetonporc: les témoignages de harcèlement sexuel se propagent sur Twitter

Un appel à dénoncer le harcèlement sexuel sur Twitter est devenu viral ce week-end, au point de prendre la tête des sujets les plus commentés sur le réseau social. Sous le hashtag #balancetonporc, les témoignages visant des agresseurs presque toujours anonymes se multiplient.

L'appel a été lancé vendredi, dans la foulée du scandale Weinstein aux Etats-Unis. Dans un tweet, une journaliste française, Sandra Muller, a invité à raconter « en donnant le nom et les détails, un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot ». Et pour montrer l'exemple, elle a elle-même relaté des propos tenus par un ancien patron, en dévoilant son nom.

Depuis, les témoignages de femmes se multiplient ad nauseam. Ils font état de mots, de gestes d'un supérieur hiérarchique ou d'un responsable de stage. « Un red chef, grande radio, petit couloir, m'attrapant par la gorge : "un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non" #balancetonporc », tweete par exemple la journaliste Giulia Foïs.

Outre ce harcèlement sur le lieu de travail, beaucoup racontent celui subi dans les transports ou dans la rue. Les témoignages sont si nombreux que le hashtag #balancetonporc est devenu le plus commenté sur Twitter France.

« C'est un traumatisme qui est vécu. Certaines femmes arrivent à en parler très rapidement, d'autres relativisent. Moi j'ai relativisé, et pourtant, j'ai plutôt tendance à parler. Seulement, à un moment, on prend conscience que ce n'est pas normal, qu'on ne doit pas se laisser traiter de la sorte et il faut en parler. C'est aussi simple que ça », estime Sandra Muller.

Si elle se félicite d'être à l'origine de cette libération de la parole, la journaliste se dit préoccupée par l'avenir de celles qui ont osé se confier. « J'ai la chance d'être plutôt protégée parce que j'ai lancé la machine, mais les représailles, les pressions sont terribles. C'est le pot de fer contre le pot de terre. Une journaliste ou une chargée de communication peut ainsi se retrouver face à un groupe protégé par une armada d'avocats. Le chantage est facile », se désole-t-elle.

L'initiative a suscité de nombreuses réactions de solidarité masculine, mais également des messages mettant en cause ces témoignages, ou racontant à l'inverse des cas de harcèlement perpétré par des femmes, sous le hashtag #balancetatruie.

Le sexisme au travail ou le harcèlement sexuel est régulièrement dénoncé sur Internet. Comme en 2012, après la mise en ligne d'une vidéo réalisée en caméra cachée à Bruxelles. Plusieurs sites, à l'image de Paye ta blouse sur le sexisme en milieu hospitalier, témoignent des agressions physiques ou verbales dont sont victimes de nombreuses femmes. A chaque fois qu'éclate un scandale tel que celui de Harvey Weinstein, la parole des femmes se libère. Ainsi, après l'affaire Denis Baupin en 2016 (dont l'enquête a finalement été classée sans suite par la justice), le nombre de saisines de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) « a triplé », indique à l'AFP Marilyn Baldeck, sa déléguée générale.

En septembre, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a annoncé la mise en place d'un groupe de travail sur la question de la pénalisation du harcèlement sexuel dans la rue.

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