Soins funéraires pour les séropositifs: «Ce matin, j’ai ressenti son odeur»

Depuis jeudi 20 juillet, la France autorise les soins funéraires aux séropositifs. Cela faisait 30 ans que les proches des malades décédés du sida l'attendaient. Jusque-là, les défunts du sida n'y avaient pas droit.

Pendant 18 ans, Frédéric Navarro a partagé sa vie avec Christian Charpentier. Alors qu'il est en voyage, Frédéric apprend le décès de son compagnon. Séropositif, il n'aura le droit à aucun soin funéraire. Lorsque Frédéric se rend à la morgue une dizaine de jours plus tard, c’est le choc. « Je rentre dans le box et la première chose qui me saute au nez, c’est une odeur de viande avariée », se souvient-il. Sur le visage de son compagnon, il remarque des taches de décomposition. « C’était comme si la société m’envoyait dans la gueule : ‘Vous qui avez des vies de merde, petits p****, vous partirez comme des merdes’. »

Depuis le décès de son compagnon il y a sept ans, Frédéric Navarro s'est donc battu pour que les séropositifs aient droit aux soins funéraires en France, seul pays de l'Union européenne a ne pas les pratiquer

Aujourd'hui, il se sent profondément soulagé. « C’est vrai qu’on est bizarrement constitué, mais ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai ressenti son odeur. Un souvenir. Je retrouvais l’odeur de mon homme », confie-t-il. Hasard de la vie, la loi a été publiée au Journal officiel sept ans jour pour jour après le décès de Christian Charpentier. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2018.

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