La France commémorait ce lundi 3 juillet le 30e anniversaire de la condamnation de Klaus Barbie, criminel de guerre nazi responsable de la déportation et de la mort de centaines de juifs et de résistants. A cette occasion, les ministres de la Justice, Nicole Belloubet, et de la Culture, Françoise Nyssen, ont annoncé l’ouverture des archives de son procès aux chercheurs. Cette décision doit « de progresser dans la connaissance de ce procès aussi retentissant qu'emblématique », selon un communiqué du gouvernement, et de « favoriser toujours davantage le travail de mémoire ». Cette politique est engagée « en concertation avec les historiens et la société civile, dans le but de contribuer sans relâche à lutter contre le révisionnisme et l’oubli », indique encore le communiqué.
Ancien chef de la Gestapo durant la Seconde Guerre mondiale, celui qu’on surnommait « le boucher de Lyon » est reconnu coupable en 1987 de dix-sept crimes contre l'humanité par la cour d'assises du Rhône. Il est le premier à avoir été jugé pour crimes contre l'humanité en France, et son procès fait partie des rares à avoir été filmés pour les archives judiciaires, comme ceux de Paul Touvier et de Maurice Papon.
L’ancien nazi, défendu par Jacques Vergès, a quitté le banc des accusés au troisième jour d’audience, estimant avoir été extradé illégalement de Bolivie. Condamné le 3 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité, il est mort en prison quatre ans plus tard.
1987, un procès historique
Le procès de Klaus Barbie fut l’un des symboles de la grande purge judiciaire post-Seconde Guerre mondiale. En cavale durant 40 ans, le « boucher de Lyon » est condamné deux fois par le tribunal militaire de Lyon à la peine capitale par contumace, en 1947 et en 1954. Il est extradé de Bolivie en 1983 grâce au travail des époux « chasseurs de nazis » Serge et Beate Klarsfeld, et jugé devant une cour d’assises.
Parmi les chefs d’accusation figurent la rafle de 86 juifs au siège lyonnais de l'Union générale des israélites de France (UGIF) en février 1943, celle de 44 enfants juifs et de sept encadrants dans la « colonie » d'Izieu, non loin de là, en avril 1944, et l'organisation d'un convoi de Lyon à Auschwitz, le 11 août 1944. Il est aussi responsable de la torture et de l’exécution de plusieurs résistants français, dont Jean Moulin en 1943.
Durant ces deux mois de 1987, le procès de Klaus Barbie est vécu comme une catharsis nationale. Les victimes de la Gestapo se succèdent à la barre, offrant leurs témoignages à la justice internationale qui continue de traquer les responsables nazis. Près de 150 parties civiles, représentées par 39 avocats, sont présentes. 400 journalistes couvrent l’évènement. Lorsque l’accusé demande à ne plus comparaître, après trois jours de procès, le procureur général Pierre Truche ironise : « Le nazi triomphant serait-il un nazi honteux qui n’ose pas regarder son passé ? »