En scrutant les comptes Facebook et Twitter des 573 candidats frontistes investis par le parti de Marine Le Pen aux législatives françaises, les journalistes de Buzzfeed ont épinglé une centaine de profils contenant des messages d'incitation à la haine.
« Banania », « génocide blanc », « lobby juif », « connards de Français » sont les termes qui pastillent le plus souvent ces publications sulfureuses. Des propos insultants qui sont susceptibles de tomber sous le coup de la loi, comme le rappelait sur France Info ce mardi Paul Aveline, journaliste chez Buzzfeed :
« On a des messages qui sont homophobes. On a par exemple un candidat qui partage un visuel expliquant que Pierre Bergé est une "pédale". On a beaucoup de propos islamophobes, racistes. On a un candidat à Mayotte qui expliquait il y a quelques années qu'il voulait exterminer les Comoriens à l'aide d'un produit insecticide. »
Remarques désobligeantes
Postés directement ou sous forme de commentaires, ces dérapages en ligne prennent donc des formes variées. Certains frontistes illustrent leurs propos avec des dessins ou des photomontages. Un candidat FN du Haut-Rhin a publié une image truquée et légendée ainsi : « Le lobby juif n'existe pas ? » En montrant François Hollande et Manuel Valls portant une kippa.
D’autres frontistes diffusent sur Facebook des caricatures dans lesquelles des personnes noires, arborant de grosses lèvres roses, profitent tranquillement de toutes les prestations sociales, tout en commettant des délits.
Certains, aficionados de la délation, publient sur les réseaux les adresses de migrants au seul motif que ce sont « peut-être des terroristes », tandis que d’autres préfèrent employer le sobriquet « Banania » pour désigner les Africains immigrés.
Le Front national réagit
« Le travail de Buzz Feed n'est pas honnête », s’est emporté, mardi 6 juin 2017 dans la matinale de France Inter, le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline. « D'abord, si c'était une véritable enquête de journalistes, peut-être que ceux qui sont mis en cause auraient pu avoir la parole, ce n'est pas le cas », fait-il remarquer.
L'élu frontiste promet que « s'il y a des propos inacceptables avérés, alors ces gens-là seront traduits dans des commissions de conflit qui les verront probablement exclus de notre mouvement politique ». Mais en janvier 2016, Marine Le Pen avait précisément nommé Jean-Lin Lacapelle pour recadrer les propos des militants frontistes, en particulier sur les réseaux sociaux.
Sauf que le « secrétaire national aux fédérations et à l’implantation » n’a pas réussi à débarquer ces « moutons noirs » du FN, candidats aux législatives qui sont aujourd’hui susceptibles de nuire à l’image « dédiabolisé » du parti. Bref, chassez le naturel, il reviendra toujours au galop. Telle pourrait être la conclusion de l'enquête menée par le site Buzzfeed.