Le geste est rapide et précis. La technique utilisée par Christian Guémy permet de réaliser une peinture directement sur le sol en moins de deux minutes. « Je suis portraitiste, je travaille habituellement au pochoir. J’ai voulu mettre au service d’une cause citoyenne ce savoir-faire, explique-t-il. On va essayer de quadriller la ville, on peindra plusieurs centaines de portraits. J’espère que ce n’est que le début d’une démarche citoyenne collective, chacun pouvant participer à cet appel à la libération des journalistes turcs. »
Les 10 journalistes turcs, dont les portraits s’affichent sur les trottoirs parisiens le temps d’un week-end, sont tous incarcérés dans des conditions particulièrement difficiles, comme le rappelle Emilie Boulay de Reporters sans frontières (RSF). « Ces dix journalistes-là sont des emblèmes qu’on a choisi d’exposer aujourd’hui. Ils sont emprisonnés depuis plusieurs mois, sans contact avec leurs familles. Ce sont de grands journalistes, de grands éditorialistes, qui se retrouvent du jour au lendemain en prison sans jugement à ce stade, et dans des conditions déplorables », regrette-t-elle.
Un photojournaliste français, Mathias Depardon, est détenu en Turquie depuis le 8 mai. Après un entretien jeudi dernier entre les présidents Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles, la France espère la libération de son ressortissant en début de la semaine prochaine.
Au dernier classement mondial de la liberté de la presse, publié par RSF, la Turquie est placée en 155e position sur 180 pays.