Le romanesque de sa vie, porté sur les écrans de cinéma (voir ici et là), a fait grimper sa cote. Mais c'est avant tout sa singularité d'artiste, à la croisée des influences de cette fin du XIXe siècle, que le tout nouveau musée Camille Claudel a choisi de mettre en avant.
Rodin, le vieil amant à la barbe en broussaille
Dans la maison de son enfance, où sa vocation a pris forme, vient de naître un bâtiment lumineux et moderne dédié à l'âge d'or de la sculpture française. Ses deux maîtres, Alfred Boucher et Paul Dubois, sont chez eux.
Classicisme, statuaire monumentale, Camille Claudel apprend aussi dans la fièvre et la fougue auprès de la figure tutélaire d'Auguste Rodin. Il a le double de son âge et sera son amant. Il s'inspire de cette élève douée ; le musée confronte leurs œuvres.
Le parcours se termine par 43 pièces modelées par la main de Camille Claudel. Des pièces résolument modernes. Plusieurs bustes, La Vieille Hélène, une version en marbre de La Petite Châtelaine, le frère adoré Paul Claudel à 37 ans, ou Rodin, massif avec sa barbe en broussaille.
Persée et la Gorgone, comme un prélude à la folie
On admire la salle consacrée à La Valse, des amants fusionnant dans le tourbillon de la danse. En conclusion : L'Adieu, qui comme L'Âge mûr, exprime toute la tristesse de la rupture amoureuse.
Dans la dernière salle : les œuvres les plus novatrices, étranges et fascinants petits groupes de causeuses et le terrible Persée et la Gorgone, où la tête tranchée de la Méduse a les traits de l'artiste, comme un prélude à la folie qui la gagne.
Diagnostiquée pour une démence paranoïde, Camille Claudel passera 30 années d'enfermement à l'hôpital psychiatrique de Ville-Évrard, à Neuilly-sur-Marne, jusqu'à sa mort en 1943 à 79 ans.
► à (ré)écouter : visite du musée Camille Claudel avec le Rendez-vous Culture