Guyane: une «journée morte» pour le 2e jour de la grève générale

Une « journée morte » aura lieu, ce mardi 28 mars, en Guyane après un démarrage timide de la grève générale illimitée lundi. Des marches se tiendront en parallèle à Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, à l'appel du collectif « Pou la Gwiyann dékolé » (« pour que la Guyane décolle »). Face à la grogne, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé la venue de ministres « avant la fin de semaine ».

Ce sera « la première démonstration de rue au-delà des barrages », a affirmé l'un des porteurs du mouvement. Après un début timide de la grève générale votée lundi, les Guyanais sont appelés à défiler à Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, ce mardi 28 mars pour une « journée morte ».

Avec cette mobilisation, les manifestants entendent montrer leur mécontentement et faire entendre leurs revendications. Ils réclament ainsi un plan d'investissement de grande ampleur pour lutter notamment contre l’insécurité, le chômage et le manque d'équipements publics.

« Dialogue, responsablilité, apaisement »

« Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine » pour conclure les discussions engagées par la mission de hauts fonctionnaires dépêchée samedi, avait annoncé Bernard Cazeneuve, au côté de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, lundi. Le Premier ministre, qui a appelé « encore une fois solennellement au dialogue, à la responsabilité et à l'apaisement », a d’ores et déjà annoncé qu'un « centre pénitentiaire et un tribunal de grande instance » seraient « construits à Saint-Laurent-du-Maroni ».

De son côté, Annick Girardin, ministre de la Fonction publique, a indiqué, ce mardi 28 mars au matin sur Cnews que « le retard structurel dans les Outremers est énorme » et qu'il avait été « pris en compte », a affirmé la ministre, qui a, parallèlement, mis en cause « les dix années » de la gouvernance précédente.

« Ras-le-Bol de la population »

« On a l'impression que le gouvernement ne perçoit pas le ras-le-bol de la population », dont « encore 30% (...) n'a pas accès à l'eau potable ou à l'électricité », a déploré le sénateur PS de Guyane, Antoine Karam. L'ancienne ministre de la Justice et personnalité guyanaise Christiane Taubira a, elle, appelé au dialogue dans Le Parisien de ce mardi. « Sinon le blocage va durer », assure-t-elle.

La situation en Guyane a trouvé un écho dans la campagne présidentielle, à quatre semaines du premier tour. Marine Le Pen (FN) a dénoncé le « service cruellement minimum » du gouvernement, François Fillon (LR) y voyant « la conséquence de l'échec de la politique de François Hollande ». C'est « la responsabilité » du président de la République, a également lancé Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI. « Il y a trois ans et demi il est allé en Guyane, il a fait des promesses. Les projets qu'il annonçait se chiffraient par milliards. Trois ans et demi après, rien », conclut M. Lagarde, interviewé par Public Sénat-Sud Radio.

(avec AFP)

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