Colère en Guyane: Bernard Cazeneuve envoie une mission interministérielle

Alors que la Guyane est touchée depuis plusieurs jours par un mouvement social de grande ampleur, le Premier ministre français Bernard Cazeneuve a décidé ce vendredi 24 mars d’envoyer «une mission interministérielle de haut niveau» dans ce département d’outre-mer. Face à la colère qui gronde, il appelé à « l'apaisement » et au « dialogue ».

« Afin de nouer un dialogue constructif et apaisé, le Premier ministre a décidé d’envoyer sans délai en Guyane une mission interministérielle de haut niveau », indique Matignon dans un communiqué. Cette mission partira dès ce samedi et sera conduite par le conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane Jean-François Cordet. Il sera accompagné de plusieurs hauts fonctionnaires issus de différents ministères mais les grèvistes ont d'ores et déjà affirmé qu'il n'y aura pas de rencontre avec cette délégation. L'absence de ministre dans cette mission envoyée par Matignon a été vivement critiquée. Sur « Guyane 1ere », Rodolphe Alexandre, le président de la collectivité territoriale, a qualifié cette initiative de « mépris pour la Guyane », au regard de l'ampleur de la crise.

Le département est gagné depuis lundi 20 mars par un important mouvement social de salariés en colère et d’habitants gagnés par une exaspération croissante face aux problèmes de santé, d’éducation, d’économie et de sécurité.

Jeudi, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts avait appelé à la levée des barrages et proposé des discussions à Paris sur les principaux sujets de revendication, afin de « traiter sans délai les problèmes immédiats » et « finaliser » le Pacte pour l’avenir de la Guyane, que François Hollande avait promis en 2013, mais qui n’a toujours pas été signé.

Les manifestants, qui organisent des barrages bloquants, ont « fait part de leur refus d’une négociation sur Paris », appuyés par les élus locaux qui ont jugé « inconcevable de demander aux manifestants de (…) lever les blocages pour venir s’entretenir avec les cabinets ministériels dans les bureaux parisiens ».

Résultat : la Guyane est paralysée. Le lancement d’une fusée Ariane a été ajourné et les écoles fermées jusqu’à nouvel ordre. Ce vendredi, deux vols long-courriers Paris-Cayenne, l’un de la compagnie Air France, l’autre d’Air Caraïbes, ont été annulés. « Les blocages routiers rendent difficiles l’accès à l’aéroport pour les passagers, les équipages et les services de secours qui travaillent sur la plateforme de Cayenne, et les pompiers ne sont pas en nombre suffisant », a indiqué la Direction générale de l’aviation civile. Hier déjà, un avion d’Air France faisant la liaison Paris-Cayenne avait dû faire demi-tour après quatre heures de vol et un autre d’Air Caraïbes avait été détourné vers la Guadeloupe.

La situation a conduit le département d’Etat américain à déconseiller à ses ressortissants « de se rendre en Guyane française pour l’instant » en raison de « larges manifestations de part et d’autre » du département et « le long des routes qui mènent aux pays voisins du Suriname et du Brésil ». Les autorités américaines soulignent que « des manifestations à Kourou et à Cayenne peuvent devenir violentes ».

(Avec AFP)

Partager :