Présidentielle française: à Nantes, Marine Le Pen tacle Fillon et Macron

Devant 3 500 militants réunis au Zénith de Nantes ce 26 février, la présidente du Front national (FN) s'en est pris à ses deux rivaux de droite et de gauche, favoris dans les sondages, François Fillon et Emmanuel Macron. Marine Le Pen, sous le coup d'une enquête dans une affaire d'emplois fictifs des assistants parlementaires FN au Parlement européen, a également critiqué le « gouvernement des juges ».

Candidate à la présidentielle, Marine Le Pen a ciblé lors d'un meeting à Nantes ce 26 février ses deux opposants principaux, Emmanuel Macron et François Fillon. La patronne du FN (27%) et l'ancien ministre de l'Economie (25%) creusent l'écart au premier tour sur l'ancien Premier ministre (19%) d'après un sondage Odoxa publié le jour même.

« Les puissances d’argent ont aussi besoin de relais solides à la tête de l’Etat et mes deux opposants principaux dans cette campagne symbolisent mieux que quiconque cette volonté jamais avouée, mais bien réelle de mettre l’Etat au pas », a déclaré la présidente du Front national devant 3500 partisans réunis au Zénith de Nantes.

« Les amitiés, les relations passées, la carrière de mes concurrents...Pour qui prend le temps de lire leurs biographies et de se renseigner sur leurs fréquentations, il devient évident que ces gens ne sont pas libres, qu’ils sont tenus par des intérêts tout à fait étanches aux intérêts du peuple, a ajouté Marine Le Pen. L’un est le candidat des assurances, l’autre le candidat des banques et des médias ».

Après avoir cogné à plusieurs reprises sur ses deux principaux adversaires, François Fillon et Emmanuel Macron, Marine Le Pen a conclu son discours en promettant de remettre la France et l'Etat en ordre en cinq ans.

Justice et temps de la campagne

« On nous empêche de vivre, la démocratie est en danger », a lancé en préambule du meeting Franck de Lapersonne. Ce comédien nouveau venu dans la famille frontiste s'en est pris aux militants d'extrême gauche, les qualifiant de « fous furieux » et d'« assassins ». Marine Le Pen lui a emboîté le pas quelques minutes plus tard : « Nous ne nous soumettrons jamais à avoir des milices d'extrême gauche saccager, brûler et attenter à l'intégrité physique de nos policiers comme hier encore à Nantes avec la complicité plus ou moins évidente du gouvernement ».

L'exécutif représentait l'autre cible répétée de la candidate frontiste : « Je veux lancer aujourd’hui un avertissement aux Français parce qu’ils doivent comprendre ce qu’implique la non-candidature de François Hollande, a-t-elle encore déclaré. Ce président et son gouvernement se donnent manifestement en fin de mandat toute latitude, sans rien s’interdire, pour peser sur l’élection présidentielle et mettre toute la puissance de l’Etat non plus du tout au service des Français, mais au service du système et de sa survie ».

Une façon indirecte de dénoncer une instrumentalisation de la justice, relève notre envoyé spécial sur place, Pierre Firtion. « L'Etat de droit est le contraire du gouvernement des juges. Les magistrats sont là pour appliquer la loi, pas pour l'inventer, pas pour contrecarrer la volonté du peuple, pas pour se substituer au législateur », a ajouté Marine Le Pen au moment où son parti est en pleine tourmente judiciaire.

Marine Le Pen a aussi appelé les magistrats à « ne pas contrecarrer la volonté du peuple ». Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, avait a contrario estimé dans le JDD que rien ne justifierait une pause des enquêtes sur les candidats durant la campagne.

Un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, a été mis en examen dans une des enquêtes sur le financement des campagnes électorales du FN 2014 et 2015. Par ailleurs, l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés FN au Parlement européen, qui vise personnellement Marine Le Pen, s'est accélérée cette semaine, avec la mise en examen de sa cheffe de cabinet, Catherine Griset.

Le meeting dans la grande salle du Zénith s'est déroulé sans incident. Mais plusieurs autocars transportant des militants du Front national ont été pris pour cible par une cinquantaine de militants anti-FN hostiles à la venue à Nantes de la candidate du Front national à la présidentielle, peu de temps avant le début de son meeting.

(Avec AFP)

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