« La déradicalisation, en soi, n'existe pas. » La phrase d'Esther Benbassa est assassine, tant le gouvernement français a utilisé ce terme au cours des 24 derniers mois pour expliquer son programme de lutte contre le jihadisme. « On a pensé qu'on pouvait prendre quelqu'un et lui laver le cerveau », explique la sénatrice écologiste qui ajoute : « Le lavage de cerveau n'existe pas vraiment, et c'est même un mythe dangereux ».
Pour Esther Benbassa et Catherine Troendlé, le gouvernement est allé trop vite. Pressé de rassurer la population après les attentats de 2015, l'exécutif s'est appuyé sur des associations sans réelles compétences, « surtout en quête de financement », regrette la sénatrice des Républicains.
« Amateurisme »
Exemples flagrants de ce que sa collègue n'hésite pas à qualifier « d'amateurisme », le centre de Pontourny, en Touraine, qui tourne à vide faute de volontaires, ou encore l'unité de déradicalisation de la prison d'Osny, près de Paris, où un détenu a agressé un surveillant à l'arme blanche, au mois de septembre.
Pour les deux élues, le constat est clair : les jihadistes les plus radicaux ne peuvent pas être désembrigadés. Il faut « changer de concept », insister sur la prévention, surtout auprès des jeunes, martèlent les sénatrices qui le reconnaissent : cela prend beaucoup de temps et coûte très cher.