« C'est une enquête illégale », « cela fait quinze jours que des investigations sont menées sur quelque chose qui n'existe pas fondée sur du sable et du vent », tonnent les conseils du couple, dans une conférence de presse donnée ce jeudi. Le ton est donné, la stratégie est claire. François Fillon l'avait d'ailleurs déjà annoncé lundi lors de sa conférence de presse. C'est chose faite ce jeudi après-midi : la contre-attaque est lancée par ses avocats, qui demandent au parquet de se dessaisir de l'enquête en cours et portent en outre plainte.
Contestation de la compétence du PNF
Maitres Lévy et Cornut-Gentille estiment que le PNF est illégitime pour mener les investigations sur l'emploi présumé fictif de Pénélope Fillon, en tant qu'assistante parlementaire de son mari.
Le débat est technique : il repose sur un argument la séparation des pouvoirs. En résumé : la justice n'a pas à se mêler du libre exercice du mandat des parlementaires, la rémunération et les tâches confiées à leurs assistants faisant partie de ce mandat.
Le PNF serait donc incompétent pour mener l'enquête. Il se trouve que celui-ci a déjà répondu aux deux avocats par la voix d'un communiqué diffusé lundi soir dans lequel il rejette sans surprise ces arguments. Il indique qu'« une décision sur l'orientation de la procédure sera prise lorsque les investigations seront terminées ».
En clair, légalement, les avocats du couple Fillon n'ont aucun moyen d'empêcher le PNF de mener cette enquête. Ils l'ont d'ailleurs précisé : « nous ne disposons d'aucun recours, nous ne pouvons qu'écrire au PNF pour lui signaler les violations. » Pour la contester formellement, il faudrait qu'une information judiciaire soit confiée à un juge d'instruction, et que celui-ci mette François Fillon en examen. Lequel avait déclaré qu'il ne se présenterait pas à l'élection si d'aventure il se retrouvait dans ce cas.
Enfin, Me Lévy dit « douter de l'impartialité d'une ou de plusieurs personnes ».
Plainte pour violation du secret judiciaire
« L'enquête est quasiment aujourd'hui plus médiatique que judiciaire (...). Il est important que les électeurs ne se fassent pas voler leur élection en avril », a souligné l'avocat.
Les avocats des époux Fillon dénoncent plusieurs violations dans le cadre de cette enquête notamment celle du secret d’instruction. « Il y a eu des fuites récurrentes, déloyales, systématiquement à charge. C’est à chaque fois une vision partielle et partiale de la réalité des faits ».
Ils ont donc annoncé qu’ils allaient déposer une plainte pour violation du secret d’instruction « pour que la lumière soit faite ».
François Fillon est plongé depuis deux semaines dans une tourmente qui lui a fait perdre son statut de favori de la course à la présidentielle. Selon les sondages, il serait désormais éliminé dès le premier tour du scrutin, le 23 avril, devancé par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron.
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