Le jeune homme d’origine bretonne s’est converti à l’islam il y a dix ans. Depuis, son parcours ressemble à celui du « parfait » jihadiste. « C'est un jeune qui a grandi dans le catholicisme. Il était enfant de choeur à l'église, rapporte David Thomson, journaliste à RFI spécialiste des réseaux jihadistes. Il a été élevé par sa maman avec un père absent et s'est radicalisé au contact du groupe jihadiste français Forsane Alizza dissout en 2012 après l'affaire Merah. »
Le jeune homme se rend en Syrie fin 2012, d’abord pour rejoindre les rangs du Front al-Nosra (actuel Fateh al-Cham), la branche syrienne d’al-Qaïda, puis ceux du groupe EI en 2013. « Il a fait partie des tout premiers Français à arriver. [...] C'est quelqu'un qui a croisé des figures importantes du jihad français, dont certains membres du commando du 13 novembre », ajoute David Thomson.
Soupçonné d’avoir enrôlé des adolescents français pour le jihad via les réseaux sociaux, Kevin Guiavarch est également soupçonné d’avoir joué un rôle dans le financement de l’organisation terroriste, ce qui lui vaut de figurer sur la liste noire de l’ONU des combattants les plus dangereux en 2014.
Zones d'ombre
Deux ans plus tard, le jihadiste écrit une lettre aux autorités françaises jurant qu’il a quitté l’organisation. Puis il gagne la Turquie avec ses quatre femmes et leurs six enfants. Ces derniers sont transférés en France et placés en détention pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. »
Expulsé à son tour de Turquie, le jihadiste breton doit maintenant éclaircir les zones d’ombres de son parcours et expliquer entre autres comment lui et sa famille ont pu échapper aux terroristes.
Aujourd'hui, le jeune homme affirme « avoir quitté la radicalité violente mais conserve une radicalité religieuse, ajoute David Thomson. Il explique ne plus être en adéquation avec le salafisme jihadiste mais avoir opté pour un salafisme quiétiste, c'est-à-dire non violent. Pour autant, la justice a énormément de choses à lui reprocher puisqu'il est resté très longtemps en Syrie. Il a recruté des jeunes femmes et connu des figures importantes du terrorisme français. Il est donc fort probable qu'il soit jugé aux assises et qu'il reste en prison de longues années. »