Primaire de la gauche: le tour de chauffe

Le premier débat entre les sept candidats à la primaire de la gauche a fait office de tour de chauffe. Chacun d’entre eux a marqué sa différence sans attaquer ses concurrents directement. Le débat peu animé a duré deux heures et demi et l’audience a été moyenne.

Le premier débat de la primaire de la gauche a attiré 3,8 millions de téléspectateurs. Un score inférieur à celui du premier débat organisé en octobre pour la primaire de la droite sur la même chaîne, TF1, et dans les mêmes conditions : 5,6 millions de personnes l'avaient alors suivi. Un score inférieur aussi à celui obtenu pour le premier débat de la précédente primaire de la gauche, en 2011, qui était de 4,9 millions de téléspectateurs.

C'est une audience moyenne mais pas catastrophique. Il est donc difficile d'en tirer des conclusions sur la mobilisation des électeurs pour les scrutins des 22 et 29 janvier prochains. Pour obtenir une dynamique et crédibiliser le candidat qui sera désigné, le Parti socialiste compte au minimum sur 1,5 à 2 millions de votants. Sous cette barre, l'exercice de la primaire serait un échec qui aurait pour conséquence directe de conforter Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron qui ont refusé d'y participer et qui ont les faveurs de sondages pour le moment. Les chances vainqueur de la primaire de s'imposer à gauche serait alors extrêmement réduites.

Les jeux restent ouverts

Alors comment les candidats vont-ils aborder le second débat ? Le débat de jeudi n'a pas vraiment fait bouger les lignes. Arnaud Montebourg, Benoit Hamon, Manuel Valls restent les favoris. Vincent Peillon a joué son rôle d'outsider, très à l'aise, mais a fait une bourde en parlant d'un Français « d'origine musulmane ». Il ne paraît pas capable de venir s'immiscer dans le duel à trois Montebourg-Hamon-Valls après ce premier débat.

Les « petits » candidats, Silvia Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias ont essayé d'exister avec plus ou moins de réussite. Jean-Luc Bennahmias a fait le spectacle mais s'est un peu ridiculisé.

Il n'y a eu aucune véritable altercation entre les concurrents. Tous avaient visiblement la volonté de ne pas donner une image négative dans ce débat. Mais l'existence de vraies divergences a été confirmée notamment sur la loi travail que certains, comme Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, veulent abroger alors que Manuel Valls l'a défendue. L'ancien Premier ministre a aussi assumé le bilan du quinquennat de manière très claire en affirmant sa « fierté ». Il a même justifié la déchéance de nationalité.

D’abord sur la défensive, Manuel Valls s'est peu à peu détendu et a affiché une certaine pugnacité sur les thèmes de la sécurité et du terrorisme qu'il affectionne mais sans tomber dans le piège de l'agressivité. Même quand Vincent Peillon lui a distribué quelques coups de griffes, notamment en critiquant le passage en force du 49-3 ou en dénonçant dans sa conclusion une gauche qui prend « la posture et les mots de la droite ».

Rien n'est joué

Tout reste ouvert. Et les candidats sont repartis en campagne. Il ont encore neuf jours et deux débats, les 15 et 19 janvier, avant le premier tour. D'ici là, ils vont tirer les enseignements de ce premier exercice. Déjà ce matin, Benoit Hamon a fait part d'un regret : que « personne n'ait été éclairé sur le bien-fondé ou pas du revenu universel », la mesure phare de son programme. Arnaud Montebourg a jugé qu'il n'avait pas eu assez de temps. Objectif pour tous les candidats : ajuster le tir afin de marquer des points la prochaine fois.

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