« Notre journaliste Olivier Bertrand est libre, il est dans l'avion pour Paris », a indiqué ce dimanche en début de soirée sur Twitter Les Jours, le média en ligne pour lequel travaille le journaliste français.
Olivier Bertrand a été arrêté alors qu’il effectuait un reportage à Gaziantep, une ville proche de la frontière syrienne, dans le cadre d’une série d’articles baptisée « La Charnière » et consacrée à l’après-putsch manqué en Turquie. Sur son site, Les Jours précise qu’il était accompagné d’un photographe turc qui a été relâché dans l’après-midi vendredi.
Selon Anadolu, le journaliste a été interpellé et placé en garde à vue parce qu'il n'avait pas demandé les accréditations nécessaires auprès des autorités. L'agence de presse turque progouvernementale le présente comme l'auteur d'articles « en faveur » de personnes soupçonnées d'appartenir au réseau de Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être l'instigateur du coup d'Etat raté.
Une arrestation « inadmissible »
« Dans un pays démocratique, Olivier Bertrand aurait pu poursuivre son reportage sans être expulsé par un pouvoir qui a des choses à cacher », a réagi sur Twitter Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières.
Plus tôt, interrogé par Europe 1/Les Echos/i-Télé, Jean-Marc Ayrault a qualifié cette arrestation d'« inadmissible ». « Nous sommes en contact permanent par notre ambassade avec lui et nous faisons tout pour obtenir sa libération, a assuré le chef de la diplomatie française. Je le dis très clairement : ce qui se passe là est profondément choquant, inadmissible. »
Samedi, plusieurs médias français ont apporté leur soutien aux Jours. Le quotidien Libération, auquel Olivier Bertrand a longtemps collaboré, a réclamé sa « libération immédiate », tout comme Mediapart ou Le Monde, via son directeur Jérôme Fenoglio. « La Turquie doit libérer Olivier Bertrand sans délai. La rédaction du Monde solidaire des Jours », a-t-il écrit sur Twitter.
Relations tendues entre Paris et Ankara
L’arrestation d’Olivier Bertrand intervient alors que les relations entre Paris et Ankara se sont tendues ces dernières semaines, après l’arrestation de plusieurs journalistes et opposants politiques turcs. Après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, les autorités turques ont lancé de vastes purges qui frappent notamment les médias et les journalistes turcs. Vendredi, le président du directoire du quotidien d’opposition Cumhuriyet a ainsi été placé en garde à vue, quelques jours après l’incarcération du rédacteur en chef et de plusieurs collaborateurs du journal.
Tout en dénonçant « les atteintes à la liberté de la presse et les arrestations arbitraires », Jean-Marc Ayrault a cependant estimé que le dialogue avec la Turquie ne devait surtout pas être rompu. « Ce serait une profonde erreur », a-t-il déclaré.
(Avec AFP)