France: les derniers migrants quittent ce qui fut la «jungle» de Calais

Après trois jours d’opérations, la « jungle » de Calais est désormais officiellement évacuée. Après le passage des bulldozers et plusieurs incendies, il ne reste plus du bidonville qu’un terrain vague et quelques carcasses encore fumantes. D’après la préfecture, 5 600 migrants ont été relocalisés dans 80 centres d’accueil répartis dans tout le pays. Ne reste plus que quelques dizaines de personnes.

Avec nos envoyés spéciaux à CalaisMathias Taylor et Alice Pozycki

Assis sur la bordure du trottoir, Ibrahim Ismat fait partie des derniers à partir, mercredi 26 octobre. Il a longuement hésité, et s’est finalement décidé au dernier moment. « On pensait qu’on aurait peut-être une chance de rester ici, parce qu’on veut aller en Angleterre. Mais quand on a vu les incendies dans la jungle, on a compris que la " jungle ", c’était bel et bien terminé. »

Omar est un homme costaud. Il passe les barrières mais dans le mauvais sens. Il revient du point d’accueil et ne veut plus partir. « Mes amis m’ont raconté comment c’était. Les villes sont vraiment loin d’ici, il n’y a pas de moyens de connexion, comme internet, c’est vraiment difficile. J’attends une autre solution. »

Les derniers bus sont en direction du sud de la France. Mourad Derbak, un agent de l’office français de protection des réfugiés et apatrides, essaie de convaincre un homme de quitter Calais. Ceux qui refusent de partir, explique-t-il, disent être mineurs.

Les associations avaient alerté les services de l’Etat sur le fait que des mineurs isolés s’apprêtaient à passer la nuit dehors. Au matin du jeudi 27 octobre, la préfecture a assuré qu’ils avaient été pris en charge en milieu de soirée et accueillis dans le centre d’accueil provisoire installé au cœur du bidonville.

Après trois jours d’opération, l'évacuation est officiellement terminée. Un groupe de Soudanais, valises en main, a bien tenté de retourner vers la « jungle », mais la police en interdit l'accès. La nuit de jeudi a été très calme : aucun incendie à déplorer, aucun barrage sur l’autoroute.

Ce jeudi matin, quelques dizaines de personnes demeuraient cependant dans des abris à l'intérieur même de la « jungle ». La préfecture a indiqué qu’ils seraient délogés et orientés à leur tour vers des centres, avant que l’entreprise chargée du démantèlement ne rase leurs abris. Une question d’heures.

Il reste des migrants qui ne sont pas pris en charge. On a aperçu un petit groupe marchant le long de l’autoroute. Ils quittaient Calais pour trouver refuge au sud de la ville. Les associations disent qu’il y a encore 400 exilés à Calais. Un chiffre qui n’est pas confirmé par la préfecture, qui précise par ailleurs qu’aucun squat n’a été signalé depuis le début du démantèlement.

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