Avec notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Ce jeudi 8 septembre, François Reyl, le directeur de la banque genevoise du même nom, hébergeant le compte Cahuzac, s’est présenté à la barre. Le banquier, tiré à quatre épingles, garde un goût amer de ce client qui lui a fait « la pire des publicités ».
Selon lui, « Jérôme Cahuzac était un client standard qui a bénéficié d’une gestion standard ». À la Banque Reyl, il était tout de même identifié comme un « PEP », une personne politiquement exposée. Il s’agit de clients potentiellement à risque pour lesquels « il faut vérifier que leurs avoirs ne sont pas le fruit de la corruption », explique-t-il.
Pour François Reyl, toute cette affaire repose sur « l'insupportable dilemme du banquier suisse », tiraillé « entre la législation suisse » qui ne punit pas la fraude fiscale et « l'exigence morale » de transparence.
Le banquier décrit Jérôme Cahuzac comme « un client discret qui, au cours des années 2000, n’a fait que deux retraits pour payer des vacances aux Seychelles à sa femme qu’il souhaite, précise-t-il, reconquérir ».
Mais en 2009, Jérôme Cahuzac prend peur. Le secret bancaire suisse est en péril et l’ancien ministre du Budget demande alors à sa banque des solutions pour garantir une plus grande discrétion de ses avoirs. Ces derniers prendront finalement la route de Singapour, le tout protégé par une société-écran panaméenne.
Qui a eu l'initiative de cette évasion fiscale vers Singapour ? Jérôme Cahuzac et son ancien banquier suisse se sont renvoyé jeudi la responsabilité du transfert des avoirs de l'ancien ministre du Budget via des sociétés offshore.