Il est rare que les Asiatiques battent le pavé en France. Mais dix jours après la mort de Zhang Chaolin, un couturier de 49 ans agressé par trois hommes qui voulait voler le sac d’un ami, lui aussi d’origine chinoise, près de 2 000 personnes ont défilé ce dimanche à Aubervilliers pour faire entendre leur ras-le-bol.
La communauté chinoise fait face à des agressions de plus en plus nombreuses et de plus en plus violentes, constate Rui Wang, président de l'association des jeunes Chinois de France. « Ça touche en premier les femmes, mais pas seulement. Beaucoup sont agressés avant de se faire détrousser parce que les gens savent que les victimes ne se promènent plus avec des sacs, donc on les met hors d’état de résister avant de les détrousser », explique-t-il.
Vols à main armée, agressions physiques, insultes, chaque jour ou presque des victimes sont recensées à Aubervilliers. Certains Chinois d’Ile-de-France n’osent même plus s’y rendre, assure un manifestant. « Ils ont peur du 93, de l’insécurité. Ils ont peur d’amener leurs enfants ou leur femme au cas où ça dérape. Même aujourd’hui. Si cette manifestation avait eu lieu à Paris, on aurait été dix ou quinze fois plus nombreux », estime-t-il.
« Du mépris »
En plus de subir des violences, la communauté se dit négligée par les policiers, ce qui pousserait beaucoup d'Asiatiques à ne pas porter plainte. « A l’accueil de certains commissariats, si on est asiatique, ils s’en foutent complètement. Si on ne parle pas bien français, on s’entend dire qu’on doit revenir avec quelqu’un qui parle français, sinon on ne peut rien pour nous. C’est du mépris », dénonce un autre manifestant.
Présente dans le cortège, Meriem Derkaoui, la maire communiste d'Aubervilliers, 80 000 habitants, veut rassurer. « Il n’y aura pas d’impunité par rapport à ce qu’il s’est passé, promet-elle. Il faut que les voyous l’entendent. » Meriem Derkaoui a écrit au ministre de l'Intérieur pour demander davantage de policiers. « Nous avons un policier pour 750 habitants. Il y a des villes où il y a un policier pour 230 », indique la maire qui réclame « ni plus ni moins que l’équité ». « C’est ça, la République », affirme-t-elle.
En attendant une réponse, une nouvelle manifestation est prévue le 4 septembre prochain à Paris.