Attentat de Nice: Nicolas Sarkozy tacle à tout-va

Nicolas Sarkozy était l'invité du journal télévisé de la chaîne TF1, ce dimanche 17 juillet au soir, pour sa première interview depuis l'attentat de Nice. L'ancien chef de l'Etat et président du parti Les Républicains a accablé l'exécutif, mais se démarque de l'attitude d'une partie de la droite. 

« Tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été », a déclaré Nicolas Sarkozy sur TF1 sur un ton très ferme. 

Sarkozy s'en prend sans le nommer à Juppé

A cinq mois de la primaire à droite, Nicolas Sarkozy, qui remonte dans les enquêtes d'opinion, tacle d'abord, sans le nommer, son futur rival Alain Juppé. Pas question de dire comme l'ex-Premier ministre, que l'attentat « aurait pu être évité ». « Je sais que le risque zéro n'existe pas », dit l'ex-président. Mais ajoute-t-il : « Nous avons une obligation de moyens pour assurer la sécurité des Français ».

« Nous sommes en guerre, une guerre totale. Nos ennemis n'ont pas de tabous, pas de frontières, pas de principes. Donc, je vais employer des mots forts: ça sera eux ou nous », a-t-il déclaré, ajoutant qu'une « autre politique est possible ».

Martelant « qu'il y a des choses qu'on aurait dû faire », le président du parti Les Républicains a souligné que son camp demandait par exemple « depuis 18 mois que la consultation de sites jihadistes soit considérée comme un délit », ce qui, a-t-il souligné, n'a été « voté qu'en juin et ne rentrera en vigueur peut-être qu'en octobre ».

Nicolas Sarkozy se pose ensuite en premier opposant

Manuel Valls dénonce la « Trumpisation des esprits », le patron des Républicains répond « débat démocratique ». 

L'ancien président a plaidé pour la création de centres de déradicalisation et réclamé à nouveau que « l'ensemble des personnes sur les fichiers S - 11 400 -, fassent l'objet d'une analyse précise ». Selon lui, les étrangers fichés S soupçonnés de liens avec le terrorisme devraient être « mis dehors en urgence absolue » et ceux qui présentent des risques de radicalisation devraient porter un bracelet électronique, être assignés à résidence ou mis en centre de rétention.

Nicolas Sarkozy a également plaidé pour une « fermeture des lieux de culte dont nous ne voulons pas sur notre territoire » ; la création d'un centre de renseignement dans les prisons, et « la mise à l'isolement de tous les détenus condamnés pour terrorisme islamique ».

Nicolas Sarkozy dit douter de la « radicalisation rapide » du tuer de l'attentat de Nice. « Il m'étonnerait beaucoup qu'un individu totalement isolé puisse louer un véhicule de dix-neuf tonnes, on a vu que c'était très préparé, l'enquête le dira », a-t-il dit, en relevant que le tueur avait agi « selon un mode opératoire qui a été très précisément recommandé par Daech ». « Nous sommes face à un terrorisme islamique. Il faut nommer l'ennemi », a-t-il lancé.

Nicolas Sarkozy se pose donc en premier opposant. Fermeture de mosquées, internement de fichés S, il propose un nouveau tour de vis sécuritaire. Une manière d'installer un doute sur la réponse de l'exécutif au terrorisme, sur sa détermination. Et sur l'autorité du président, à neuf mois de la présidentielle.

Valls et Cazeneuve répliquent aux critiques

Dans un communiqué commun rendu public dimanche soir, le Premie ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, assurent qu'« aucun aucun gouvernement n'a fait autant jusqu'à présent pour lutter contre le terrorisme ». 

« Nous répondons d'abord par une mobilisation totale de nos forces, dont nous rehaussons les effectifs - 9 000 emplois de policiers et de gendarmes recréés sur l'ensemble du quinquennat, dont 1 900 pour renforcer le renseignement intérieur, quand 12 500 avaient été supprimés entre 2007 et 2012 », soulignent-ils.

Ils mettent aussi en avant « l'augmentation de 17% des crédits de fonctionnement des forces de sécurité intérieure » depuis 2012, « là où ils avaient diminué d'autant lors du précédent quinquennat » de Nicolas Sarkozy.

Ils rappellent enfin les « trois lois anti-terroristes » ainsi que la loi sur le renseignement adoptées et insistent sur leur « action déterminée pour la prévention de la radicalisation » et la fermeté du gouvernement contre le discours radical islamiste. 

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