Selon la préfecture de région, 1 615 migrants ont été pris en charge au total lundi matin. L'opération a débuté vers 6 h heure de Paris, et s'est terminée aux alentours de midi. Elle était conjointement menée par la Ville de Paris, la préfecture de région et la préfecture de police, en présence de représentants de France terre d'asile, d'Emmaüs, ou encore de l'Office français d'intégration et d'immigration (Ofii).
Les autorités expliquent avoir été surprises par le très grand nombre de personnes présentes sous le métro aérien au niveau de la station Stalingrad, qui ne correspondait plus aux pointages effectués la veille. Il a donc fallu prendre le temps de trouver un point de chute à tout le monde, principalement en région Île-de-France. Une centaine de « personnes vulnérables », notamment des femmes et des enfants, ont été prises en charge par la Ville.
L'objectif, selon le préfet Jean-François Carenco, c'est que les personnes prises en charge demandent l'asile en bonne et due forme à partir des centres vers lesquelles elles auront été orientées. Présent sur place au moment de l'opération, comme la ministre du Logement, M. Carenco parle d'un nombre important de primo-arrivants parmi les migrants évacués.
« 8 068 offres d'hébergements » proposées en un an dans la capitale
L'augmentation subite du nombre de personnes à Stalingrad avant l'évacuation n'est pas non véritablement une surprise pour autant. Il s'agit même d'un « phénomène classique » selon l'Agence France-Presse, « le bouche à oreille sur l'imminence d'une opération contribuant à faire gonfler le nombre de personnes présentes sur le campement à l'arrivée des bus ».
Toutes les personnes recueillies lundi « feront l'objet d'un suivi et d'un accompagnement social adaptés à leurs besoins. Le gouvernement reste pleinement mobilisé pour offrir un accueil digne à chacun et que personne ne reste sans solution d'hébergement dans notre pays », promet dans un communiqué la ministre française du Logement, Emmanuelle Cosse.
En un an, depuis le démantèlement du campement de migrants de la station La Chapelle, tout près de Stalingrad, le 2 juin 2015, Paris a vécu une vingtaine d'opérations de ce genre. Le campement évacué lundi l'avait déjà été une première fois le 7 mars, puis le 30 mars. Au total, après toutes ces « mises à l'abri », « 8 068 offres d'hébergements ont ainsi été proposées », informe la préfecture.
« Sans répartition territoriale équitable, l'insertion n'est pas possible »
Dans le cadre de ces opérations, le nombre de migrants évacués de Stalingrad est un record, venant remplacer celui d'octobre dernier, lorsque 1 300 personnes avaient été évacuées du lycée désaffecté Jean-Quarré. Il y a une dizaine de jours, un autre lycée désaffecté a été investi par des migrants, à savoir l'établissement Jean-Jaurès, dans le XIXe arrondissement.
Le tribunal administratif a ordonné son évacuation vendredi, avec un délai de grâce de 72 heures. Une nouvelle opération est donc imminente. « On l'évacuera quand on sera prêts », a d'ailleurs confirmé tout récemment le préfet de région, tandis que la maire de Paris estime qu'il ne fallait pas attendre « qu'un campement se crée pour agir ». « Pourquoi attendre une telle situation critique pour tendre la main à ces personnes ? », demande l'élue dans un communiqué.
Selon elle, l'Etat doit « changer de méthode », et « accepter de proposer, au fil de l'eau, des solutions d'hébergement aux réfugiés ». Et Mme Hidalgo de plaider l'ouverture, sans délai dans toute la France, de nouvelles « places en centres d'accueil où peuvent aller des personnes prises en charge à Paris ». « Sans cette répartition territoriale équitable, leur insertion durable n'est pas possible. Seul l'Etat peut conduire cette mobilisation nationale », estime la socialiste.
Avec AFP