Juste à côté de la piste aérienne de la base de Brétigny-sur-Orge, dans un bourdonnement semblable à un essaim d’abeilles, le drone prend son envol. Ici, pas de risque de collision puisqu’aucun autre appareil, drone, avion ou hélicoptère, n’est dans les airs.
Tout juste l’engin, quatre hélices, trois kilogrammes de carbone et aluminium, est-il suivi de temps à autre par quelques faux bourdons femelles. « Avec le bourdonnement des hélices, elles croient qu’elles suivent un gros mâle », s’amuse Franck, le formateur à Drone Center.
Voler requiert précision et concentration
Ils sont trois apprentis pilotes à prendre tour à tour les commandes, à l’aide d’une imposante télécommande. Franck, l’instructeur, dispose lui aussi d’un exemplaire, mais ne l’utilise que si l’engin échappe au contrôle de son élève, Benjamin.
Ce dernier ne regarde quasiment pas l’aéronef dans les airs, et pour cause : il est équipé d’une petite caméra à l’avant. Les images qu’elle tourne sont directement retransmises à un écran au sol, que Benjamin ne quitte pas des yeux.
L’exercice requiert beaucoup de concentration et de précision. « Il faut être détendu avant de prendre les commandes », assure Franck. Il s’agit de faire évoluer le drone en vol stationnaire au-dessus de plots disposés dans l’herbe, puis de le faire slalomer, durant environ 5 minutes.
La sécurité avant tout
« Attention, on reste bien derrière la zone de vol du drone. » D’emblée, Franck rappelle cette règle fondamentale : à aucun moment l’engin ne doit survoler quelqu’un. Pour marquer cette zone, un plot, placé deux mètres devant les pilotes, qui ne doit jamais être dépassé, sauf lorsque l’appareil est éteint.
« La première chose qu’on explique aux élèves, c’est que le drone, ce n’est pas un jouet, prévient Franck. Les hélices tournent vite, ça va de 900 à 1 000 tours/minute, c’est un hachoir volant quand on met les doigts. On peut se faire couper, donc on met vraiment l’accent sur la sécurité. »
Durant les trois semaines de leur stage de pilotage, les apprentis pilotes ont été longuement formés aux règles de sécurité. Ils y sont longuement sensibilisés avant de pouvoir prendre les commandes. Objectif : ne jamais se mettre en danger soi-même ou autrui lors d’un vol.
Autres règles de base : ne pas survoler les bâtiments classés ou les secteurs militaires. On apprend aussi aux nouveaux pilotes qu’il est strictement interdit de voler en ville, même dans les parcs.
Des règles de sécurité parfois méconnues
Monteur à la télévision, Fabrice, apprenti pilote, veut se servir de cette formation pour pouvoir tourner des images depuis les airs. Il ne connaissait pas toutes les réglementations : « Je ne savais pas forcément identifier les zones qu’il ne faut pas survoler », admet-il. En trois semaines, il a appris à lire une carte aéronautique.
« Je n’étais pas non plus au courant des règles de la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC), qu’il fallait les contacter à chaque vol, leur demander une autorisation… » ajoute-t-il.
Lunettes de soleil d’aviateur sur le nez, Benjamin, lui aussi apprenti, est pilote d’avion amateur. Depuis son cockpit, il lui est déjà arrivé de voir des drones. « Le problème encore aujourd’hui, c’est que les drones n’ont pas de transpondeur. Tous les avions en possèdent un et cela permet d’éviter une collision en vol », soupire-t-il.
« En cas de danger, grâce aux transpondeurs, une alarme sonne et alerte le pilote, ajoute Benjamin. Or, vu que les drones n’en ont pas, les commandants de bord doivent être très vigilants dans les airs si un drone fait un vol illégal et se retrouve dans leur zone. »
Drones professionnels, drones amateurs, mêmes règles de sécurité ?
Il faut bien distinguer drones professionnels et drones amateurs. Ces derniers sont plus légers, ils font moins de deux kilogrammes, et sont nettement moins puissants. Un drone est professionnel lorsqu’il sert l’activité commerciale de son pilote (prise de photo et de vidéo, surveillance, etc.).
Voler avec un appareil professionnel requiert de demander une autorisation préalable aux autorités, alors qu’un drone de loisir n’en aura pas besoin, à condition qu’il ne survole personne et qu’il évolue hors agglomération. A la fin de leur stage, les élèves peuvent passer un examen leur donnant le droit de piloter un drone professionnel.
Mais Benjamin regrette qu'aucun diplôme ne soit requis pour les amateurs : « Dans le monde de l’aviation, sans licence de pilote ou instructeur, on ne peut pas décoller. Ce serait bien que pour des drones d’un certain poids, il y ait la même pratique. »
A cet effet, la France a durci sa règlementation depuis janvier. Amateur ou professionnel, il est désormais interdit de faire voler son drone la nuit. Mais certains sites internet n’en tiennent pas compte et continuent de vendre des caméras infrarouges. Les pilotes en infraction risquent pourtant un an de prison et 75 000 euros d’amende.