Outre-mer: dans le département de Mayotte, la grève générale bat son plein

La grève générale continue à Mayotte, dans l’océan Indien avec une troisième semaine de mobilisation pour réclamer l’égalité avec les autres départements de France. Le gouvernement a affiché sa position, mardi 12 avril, par la voix de la ministre des Outre-mer. George Pau-Langevin a indiqué que Paris suivait les événements de très près. Mais l’intersyndicale reste déterminée et les barrages routiers continuent. Des violences ont eu lieu ces derniers jours.

Un manque d’égalité réelle et de considération de la métropole : c’est ce que reprochent en substance les manifestants mahorais, mobilisés depuis plus de deux semaines sur leur île. Le 101e département français abrite une grève générale en train de dégénérer, si bien que des forces de l’ordre vont être envoyées sur place en renfort par Paris.

Dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines de jeunes habitants de Mayotte ont en effet investi les rues de Mamoudzou, caillassant des voitures et des façades de maison sur leur passage. Rivomalala Rakotondravelo est le secrétaire départemental du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles à Mayotte. Il habite dans le quartier où se sont produites ces violences.

« Quand les jeunes se sont déplacés, dit-il, j'étais avec les enfants. On a dû fermer les portes et attendre que les choses se fassent, il n'y avait pas de forces de l'ordre aux alentours. Ces phénomènes ont commencé depuis un certain temps, on est en train de ramasser de plein fouet l'inertie ou le manque de considération à l'égard de la jeunesse. »

Que demandent exactement les manifestants mahorais ?

Visiblement, l’intersyndicale reste déterminée à maintenir la pression et n’entend pas lever les barrages routiers qu’elle a mis en place. Les axes principaux de l'île sont en effet bloqués par une poignée de grévistes, constate sur place le journaliste Toufaili Andjilani, de Mayotte 1ère. Suffisant pour paralyser Mayotte, malgré les annonces de la ministre française des Outre-mer, qui a ouvert la voie à la négociation, mais qui n'a pas convaincu les syndicats pour l'instant.

George Pau-Langevin a notamment affirmé que le gouvernement n’avait pas attendu ce mouvement pour se mettre au travail, afin de permettre à Mayotte de rattraper son retard, et même ses retards, que ce soit sur le plan économique, social ou éducatif. Elle a proposé un calendrier de travail, pour répondre avec méthode et efficacité aux revendications. Une réunion est prévue vendredi entre les représentants syndicaux et les ministères concernés.

Sont mis en avant par les grévistes : la transposition du Code du travail ; l’application des conventions collectives nationales dans le secteur privé ; la reconstitution des carrières pour les agents des collectivités publiques qui n’ont pas suffisamment cotisé pour pouvoir partir à la retraite dignement ; l’indexation des salaires pour tenir compte de la cherté de la vie ; ou encore une revalorisation pour aligner les prestations sociales sur les taux des autres départements.

« Par exemple, les prestations sociales et familiales sont inférieures à celles pratiquées dans les autres départements français, déplore Rivomalala Rakotondravelo, du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles. Si le Français à la Réunion, ou à Marseille, bénéficie de tel ou tel avantage, et bien Mayotte est en droit de bénéficier des mêmes droits. »

Une grève particulièrement visible pour les habitants de Mayotte

Après plus de deux semaines de mobilisation, les effets de la grève se font clairement ressentir au quotidien, et l'organisation patronale française, le Medef, tire la sonnette d’alarme. Le Medef parle d’une perte de plus d'un million d'euros de chiffre d’affaires pour les entreprises en quinze jours.

Dans le BTP par exemple, des chantiers sont à l’arrêt. Certaines entreprises mettent leurs employés au chômage technique. Autre conséquence pour les habitants de l'île : tous les établissements scolaires de Mayotte sont dépassés. Les ramassages scolaires ne pouvant pas s’effectuer, beaucoup d’élèves restent à la maison, tandis que d’autres rejoignent les piquets de grève.

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