FO et la CGT, deux des syndicats en pointe contre le projet de loi, restent sur une ligne dure : ils veulent l’abandon pur et simple du projet de loi sur le travail. En effet, le coup porté aux 35 heures passe mal. Le texte n'y met pas fin, mais il rend possible les journées de travail de 12 heures. Il favorise également le forfait jour pour les entreprises de moins de 50 employés.
De plus, les syndicats s'insurgent aussi des aménagements de la législation sur le licenciement. Le projet de loi permet, entre autres, de limiter le montant des indemnités accordées par les prud'hommes en cas de licenciement abusif.
Et là où le bât blesse pour le gouvernement, c'est qu’une partie de ses propres partisans va défiler ce mercredi. Selon un sondage BVA, les deux tiers des sympathisants de gauche soutiennent la mobilisation. « Il faut comprendre la colère et l’inquiétude de tous ceux qui vont aller manifester demain dans la rue. On touche directement les conditions de vie et de travail de millions de Français, a déclaré Aurélie Filippetti sur RFI. Le peuple de gauche était assommé, estomaqué par la déception. Là, il est rongé par la colère. Ça n’est pas de gaité de cœur qu’on descend dans la rue contre un gouvernement pour lequel on a voté. Car le million de personnes qui a signé la pétition contre la loi Travail, ce sont des électeurs de François Hollande en 2012. Ce ne sont pas des gens de droite. Ça a pris une dimension qui rassemble le mécontentement qui s’exprime depuis des mois vis-à-vis de la politique économique qui est menée. »
Il n'y a d'ailleurs pas que les syndicats de salariés qui appellent à manifester. Le parti Europe Ecologie Les Verts, ancien allié du gouvernement, se joint au mouvement, de même que des organisations lycéennes et surtout l'Unef, principal syndicat étudiant, classé à gauche. « La contestation est extrêmement forte. Depuis quelques jours, il y a des assemblées générales dans les universités avec plusieurs centaines d’étudiants. A Paris VIII, ils étaient presque 600 étudiants, affirme Marthe Corpet, trésorière de l’Unef. Cette loi est une provocation, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. On nous explique avec cette loi que finalement il faudrait encore plus de précarité. Cette précarité nous la connaissons déjà durant nos études, à l’insertion sur le marché du travail, par exemple en enchainant des stages, des CDD, et même des services civiques payés la moitié du SMIC. Cette loi nous propose encore de la précarité, et ça, c’est inacceptable. »