La semaine dernière, des signes étaient déjà perceptibles. Pendant son voyage en Amérique latine, François Hollande avait plaidé pour une « réforme équilibrée », appelant au dialogue plutôt qu'au passage en force via l'utilisation de l'article 49-3 de la Constitution.
Mais le revirement de ce mardi matin constitue clairement un recul pour Manuel Valls. La semaine dernière, le chef du gouvernement assurait encore que le texte serait bien présenté la semaine prochaine en Conseil des ministres. Finalement, ce sera le cas le 24 mars prochain.
Le gouvernement préfère temporiser, alors que la mobilisation contre le projet monte partout dans le pays, notamment dans les universités et sur les réseaux sociaux. Dimanche soir, la menace brandie par la CFDT, principal interlocuteur syndical du gouvernement, a pesé dans la balance.
« Corriger ce qui doit l’être »
La Confédération française démocratique du travail, syndicat réformiste, menaçait en effet de se joindre aux manifestations d'ores et déjà prévues le 9 mars prochain pour s'opposer à cette refonte controversée du Code du travail. Une véritable alerte pour l'exécutif.
« Nous allons nous donner sans doute quelques jours, parce qu’avec Myriam el-Khomry et Emmanuel Macron (ministres du Travail et de l'Economie, NDLR), nous souhaitons rencontrer l’ensemble des partenaires sociaux », plaide désormais le Premier ministre.
Selon lui, « il faut lever un certain nombre d’incompréhensions. Il faut expliquer, répondre à toute une série de fausses informations qui sont données sur ce texte. Donc, donnons-nous quelques jours de plus pour approfondir la discussion, pour corriger ce qui doit l’être. »
« Ces réformes, nous allons les mener »
L’heure est donc désormais au dialogue, comme le réclamait le président. Manuel Valls recevra la semaine prochaine l’ensemble des partenaires sociaux. Mais le Premier ministre l’assure : sa volonté d'assouplir le marché du travail reste intacte.
« Le recul, ce serait abandonner le texte, considère M. Valls. Mais moi, je veux dire aux Français que le pays a besoin de réformes, de réformes profondes. Et ces réformes, nous allons les mener. C’est une loi utile, ce sont des réformes qui sont attendues depuis des années, j’allais dire même des décennies. »
Le bras de fer va donc continuer, le chef du gouvernement considérant que « personne n’a eu le courage et la volonté de mettre en œuvre » une telle réforme. « Tous les réformistes de ce pays, estime-t-il, doivent se rassembler face à tous les conservatismes. » Et de conclure : « C’est avec méthode, volonté, que nous voulons avancer. »