Il y avait peut-être un peu d'arrogance et sans doute beaucoup d'inconscience à prétendre cumuler les fonctions de président du Conseil constitutionnel et président de la COP21. Le Conseil constitutionnel est un sacerdoce, où l'on entre après avoir fait vœu de silence, où l'on renonce à toute expression et toute ambition politique.
Dès lors, celui qui allait censurer les lois du gouvernement pouvait-il continuer, même symboliquement, à représenter ce même gouvernement sur la scène internationale et à conserver un bureau au Quai d'Orsay ? Non, avait répondu celui qui va lui laisser son fauteuil, le président sortant du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré.
Dans une lettre adressée à François Hollande, lundi 15 février, Laurent Fabius ne voit toujours pas où est le problème. Mais face à la polémique, il préfère renoncer, dit-il, à quelques jours de son audition devant les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat, passage obligé avant sa nomination officielle.
Le futur « sage » a préféré revenir à la raison, laissant ainsi le champ libre au successeur que le chef de l'Etat pourrait décider de nommer. Quant à la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, marginalisée par Laurent Fabius sur la photo finale de la COP21 en décembre dernier, elle tient enfin sa revanche.
Celle qui a vu son portefeuille élargi la semaine dernière aux « relations internationales sur le climat », avait en effet estimé vendredi qu'il fallait « clarifier les règles du jeu » concernant le double rôle auquel M. Fabius aspirait.