Et si l’émancipation passait par là ? Si c’était le ventre de l’homme qui gonflait pendant neuf mois comme un ballon pour porter l’enfant si attendu par la femme à ses côtés ? Dans Birthday, la promesse divine d’un enfant se transforme vite en cauchemar pour Ed. Pourtant, il était volontaire pour faire l’expérience. Un vrai cavalier moderne pour soulager sa femme, traumatisée par la naissance du premier enfant.
Le futur père en attente d’accouchement
Arrivés à l’hôpital, il arrive ce que devait arriver. Rien n’est comme prévu. Ni pour le couple à l’écran, ni pour nos spectateurs. Le futur père en attente d’accouchement nous fait perdre nos repères. La chambre d’hôpital et la salle de travail où se déroule tout le film se transforment en huis clos. Les pépins « banals » d’une « femme » enceinte avec ses envies impulsives et ses goûts bizarres n’existent plus. Quand un homme vomit, cela donne tout à fait autre chose.
Et pour une fois, c’est lui qui sera accusé par l’infirmière d’être trop gros et de subir le chantage pour le bien de l’enfant. Sans parler de l’angoisse d’un corps qu’on ne maitrise plus, avec les seins qui poussent sans demander. Une scène après l’autre, Birthday nous fait réaliser ô combien cette situation « naturelle » et millénaire renvoie à des sentiments sexués.
« Je n’ai pas besoin d’être comme une femme »
Quand le père est aussi la « mère », qui assiste qui quand l’infirmière déclenche l’accouchement ? Au début, la femme se fait les ongles en attendant l’accouchement de son mari. Et puis, le visage du futur père commence à s’assombrir. Comment réagir quand la panique s’empare du corps masculin dominé par les infirmières et les machines ?
La situation drôle du début devient vite oppressante. Et le transfert de rôle ne se passe pas sans heurts ni sans douleur : « Je n’ai pas besoin d’être comme une femme », hurle-t-il pour calmer les contractions. Les disputes gagnent en intensité, la femme commence à répondre et à décider à la place de l’homme.
Roger Michell nous fait rire
Avec sa façon extrêmement réaliste de filmer cette naissance, Roger Michell nous fait rire et en même temps perdre nos moyens. On souffre et on s'amuse avec le couple, soumis au même rythme entre silence, douleurs et angoisse. Les grilles de lectures traditionnelles ne marchent plus. On se retrouve dérouté, troublé, sans réellement savoir pourquoi… On assiste tout simplement à la naissance d’un nouveau bébé qui aura transformé à la fois parents et spectateurs.
Fils d’un diplomate, le réalisateur Roger Michell est né en 1956 en Afrique du Sud, mais il a grandi également à Beyrouth, Damas et Prague avant de s’installer au Royaume-Uni. Membre de la Royal Shakespeare Company dans les années 1980, l’homme de théâtre fait carrière à la télévision et dans le cinéma.
« Coud de foudre à Notting Hill »
Dans ses films, il avait déjà abordé le thème de la sexualité, mais chez les personnages âgés, avec The Mother (2003), un drame intimiste mettant en scène deux sexagénaires et aussi avec Venus (2005). Avant, il avait fait sensation avec sa comédie romantique Coup de foudre à Notting Hill (1999) où il dirigeait Julia Roberts et Hugh Grant. Autre grand succès public : Dérapages incontrôlés (2001), un thriller sur un banal accrochage entre deux voitures qui déclenche un bras de fer entre Ben Affleck et Samuel Jackson.
Avec Birthday, Roger Michell succède à un autre Britannique, Julian Farina, qui avait remporté l’année dernière le Fipa d’or avec Marvellous.
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► 29e Festival international de programmes audiovisuels (FIPA), du 19 au 24 janvier. Parmi les 1 300 films envoyés, issus de 70 pays, 140 œuvres ont été sélectionnées. 68 programmes sont en lice pour le Fipa d’or.
Le Palmarès du 29e FIPA
FICTION
Fipa d’or : Birthday, de Roger Michell (Royaume-Uni)
Meilleure interprétation féminine : Marie Bäumer, dans Brief an mein Leben (Allemagne)
Meilleure interprétation masculine : NICOLAS ROJAS dans Zamudio, perdidos en la noche (Chili)
Meilleur scénario : VIKTOR OSZKAR NAGY et PETRA SZOCS pour Hivatal (Hongrie)
Meilleure musique originale : ALEXANDER BALANESCU et ARIEL SOMMER pour The Scandalous Lady M (Royaume-Uni)
SÉRIES
Fipa d’or : HISTORIA DE UN CLAN de Sebastian Ortega (Argentine)
Meilleure interprétation féminine : STEINUNN OLINA TORSTEINSDOTTIR dans Case (Islande)
Meilleure interprétation masculine : STELLAN SKARSGARD dans River (GB - Etats-Unis)
Meilleur scénario : LIOR RAZ, AVI ISSACHAROFF, MOSHE ZONDER, MICHAL AVIRAM, ASAF BEISER et LEORA KAMENETSKY pour Fauda (Israël)
Meilleure musique originale : LUIS ORTEGA et DANIEL MELINGO pour Historia deun clan (Argentine)
DOCUMENTAIRE DE CRÉATION
Fipa d’or : LE SIEGE de Rémy Ourdan et Patrick Chauvel (France)
GRAND REPORTAGE ET INVESTIGATION
Fipa d'or : LA BATAILLE DE FLORANGE de Jean-Claude Poirson (France)
MUSIQUE ET SPECTACLE
Fipa d’or :ZPOVĚSD’ ZAPOMENUTEHO (Confession Of TheVanished) de Petr Vaclav (Rep. Tchèque)
SMART FIPA
WEI OR DIE de Simon Bouisson (France)
PRIX DU PUBLIC
COREE, NOS SOLDATS OUBLIES de Cédric Condon et Jean-Yves Le Naour (France)
PRIX MICHEL MITRANI
VUE DE L’ESPRIT de Sébastien Simon et Forest Ian Etsler (France)
Mention spéciale à VILLENEUVE de Agathe Poche (France)
PRIX DU JURY DES JEUNES EUROPÉENS
BURDEN OF PEACE de Joey Boink (Pays-Bas)
PRIX HACKATHON DU SMART FIPA
MNEMESIS développé par l’équipe Pharmakon
PRIX TÉLÉRAMA 2015
LORO DI NAPOLI de Pierfranscesco Li Donni (Italie)
EUROFIPA D’HONNEUR 2015
DAN FRANCK (France)