Pas toujours facile d'appliquer la laïcité en milieu scolaire. Ce livret vise à aider les enseignants confrontés à des situations difficiles. La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, insiste sur le fait que le savoir prévaut toujours sur le croire : « Il ne s’agit surtout pas de tomber dans le piège des comparaisons entre ce que dit la science et ce que dirait telle ou telle religion. Dans l’enceinte scolaire, c’est le savoir qui prime. Les référents que nous formons, les référents laïcité, sont là pour répondre aux questions des enseignants et pour les accompagner en cas de difficultés. »
Tout un arsenal pédagogique est mis à la disposition des enseignants : textes fondateurs, fiches pédagogiques, exposition numérique. Laurence Thoin, professeur d'histoire dans un collège, a choisi un texte sur un sujet d'actualité. « J’ai un texte qui explique la formation des imams à la laïcité en leur montrant aussi l’importance de lutter contre le communautarisme, explique-t-elle. Ça permet de sensibiliser les enfants au fait que notre République est dans ses principes fondamentaux la laïcité et que, finalement, il y a une éducation aussi à la religion : permettre à la fois la protection de la religion mais en même temps, lutter contre les dérives communautaires. J'ai prévu un débat sur, justement, est-ce qu’on peut vivre dans une République laïque tout en étant croyant ? »
Ce livret de laïcité vient renforcer la charte qui existait déjà dans les établissements scolaires. Ce document répond aussi à des questions soulevées par les attentats de janvier et de novembre derniers.
La laïcité, une valeur de la République
Pour la ministre de l'Education nationale, la grande majorité des tensions que l’on constate entre certains des élèves et le principe de laïcité sont liées au dévoiement de la laïcité tel qu’il est opéré trop souvent dans le débat public. « En réalité, poursuit Najat Vallaud-Belkacem, rien à voir avec la réalité de la laïcité telle qu’elle est et telle qu’on l’aime nous, et qu’on veut la promouvoir, c’est-à-dire une laïcité qui ait une valeur de tolérance puisque précisément, elle permet à chacun d’avoir la confession ou l’absence de confession de son choix, et de pouvoir vivre tous ensemble, en l’occurrence dans l’enceinte scolaire comme des élèves. Donc, je crois vraiment que ce qui pose problème en France, ça n’est pas la laïcité, c’est le dévoiement de la laïcité. Et c’est pourquoi l’Etat doit porter une parole forte pour rappeler et redire clairement ce qu’est la laïcité, cette valeur-là que nous aimons. Les enseignants au sein de l’école aussi sont désormais formés et accompagnés pour le faire et doivent transmettre cette laïcité-là, celle de 1905, et pas une laïcité qui serait une déclaration de guerre contre une religion comme on le voit lorsqu’un maire ici ou là décide que, au nom de la laïcité, il faut obliger les enfants à manger du porc ou à ne plus manger à la cantine. »