[Reportages] Elections régionales: dans les QG, des réactions variées

Le Front national est arrivé ce dimanche soir en tête du premier tour des élections régionales. Premier dans six régions sur treize, il enregistrerait autour de 30 % des voix au niveau national, devant l'alliance de droite LR-UDI-MoDem et le PS-PRG. Tour des quartiers généraux avec nos envoyés spéciaux.

A Hénin-Beaumont, le FN en fête

Des cris de joie accueillent les résultats. Au QG de Marine Le Pen, on a fêté comme il se doit le score de la candidate frontiste en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Avec 42 % des voix, elle devance très nettement ses adversaires. Pour Christine, une militante, pas de doute : la victoire est acquise. « C’est gagné d’avance, la région elle est gagnée, là », assure-t-elle au micro de Pierre Firtion.

Si le Front national réalise ce dimanche d’excellents scores à Hénin-Beaumont, une ville dirigée par l’extrême droite, c’est que le vote FN a changé, estime le jeune Valentin : « Le vote de colère, c’est fini. C’était il y a 40 ans le vote de colère. Aujourd’hui, c’est un véritable vote d’adhésion. Les gens voient que dans nos villes, les programmes sont appliqués, les promesses sont tenues et les impôts baissent. Donc je ne vois pas pourquoi si on réussit dans nos villes, on ne pourrait pas réussir dans les régions. »

Aux yeux de Marine Le Pen, ce vote exprime en tout cas la volonté d’un changement. « Les électeurs ont exprimé une volonté claire d’alternance à un système à bout de souffle fait d’incompétence et de connivence. Quelles que soient les basses combinaisons d’appareil, rien ne pourra entraver la volonté profonde du peuple », lance-t-elle à la tribune.

Le Parti socialiste a annoncé ce dimanche soir le retrait de son candidat dans la région pour faire barrage à l’extrême droite. Marine Le Pen affrontera donc Xavier Bertrand en duel dimanche prochain. Malgré ce désistement, la présidente du FN apparaît favorite du second tour.

En Ile-de-France, le PS entre en résistance

« Ce soir, la gauche est en tête en Ile-de-France, vante le candidat socialiste Claude Bartolone. Le total de la liste socialiste, radicale et citoyenne que j’ai eu l’honneur de conduire, et des listes Europe-Ecologie-Les Verts et le Front de gauche atteint 40 %, soit une dizaine de points de plus que la liste d’union LR, UDI et MoDem. » La déclaration est saluée par une salve d’applaudissements.

Quand il prend la parole, Claude Bartolone est déjà en campagne pour le second tour. Il appelle au rassemblement. « Pas une voix de gauche et des écologistes ne doit manquer dimanche prochain », intime-t-il. Pour y parvenir, le PS va fusionner avec les écologistes et le Front de gauche. Des négociations sont prévues cette nuit. Pour David, un des rares militants présents, la victoire est au bout du rassemblement. « Non seulement j’y crois, mais ce que je constate, c’est qu’il y a une volonté commune d’être une majorité de progrès, et c’est rassemblés qu’on y arrive », affirme-t-il à Valérie Gas.

Benoît Hamon se réjouit lui aussi, mais pour une autre raison. « Ce qui nous préoccupe évidemment, c’est ce qui passe ailleurs avec le score du Front national. Et cela fait à l’évidence de la région Ile-de-France une région symbole qui doit montrer que la France, ce n’est pas le Front national », estime-t-il.

Même si elle est plus limitée en Ile-de-France, la poussée du FN inquiète Betty, une autre militante. « Le Front national est élevé, trop élevé, en Ile-de-France. Même si on gagne, ce ne sera pas le succès qu’on aurait souhaité », lâche-t-elle. Si la victoire est possible, elle aura donc un goût amer.

Au parti Les Républicains, le refus du retrait

« La seul attitude républicaine qu'il convient d'adopter pour nos candidats, dans toutes les régions, sans exception, c'est de respecter les Français, en leur proposant, avec la constance de nos convictions, une alternance claire. » Il l'a dit et le redit encore, malgré la contreperformance de son parti, pas question de fusionner ou de retirer des listes pour faire barrage au Front national. Nicolas Sarkozy fait un pari, il compte sur le sursaut des indécis et sur un report des voix de l'extrême droite : « J'appelle tous les Français à se mobiliser en faveur de la seule alternance crédible : celle incarnée par les candidats des Républicains et du Centre. C'est le choix de toutes celle et de tous ceux qui ne veulent pas simplement exprimer un rejet, mais qui veulent construire pour leur région et pour la France. »

Une stratégie validée par cette militante, interrogée par Julien Chavanne : « Ce n'est pas perdu, c'est vrai que le FN est haut ; ils sont presque à égalité, le FN et Les Républicains. Donc il y a sûrement des voix qui vont se reporter sur les Républicains, je ne suis pas si sûre sur le FN. »

Distancé par le FN dans près de la moitié des régions, Nicolas Sarkozy va tenter de regagner le terrain perdu avec une campagne de l'entre-deux tours qui s'annonce... très à droite. Et déjà, les militants, après analyse des raisons de ce séisme électoral, se disent prêt à repartir sur le terrain, en campagne : « Après les attentats, la France n'a cessé de proclamer qu'elle n'avait pas peur et moi j'ai l'impression que le vote FN trahit une peur en plus d'une colère. C'est inquiétant. Parce que je pense que tous les extrémismes sont mauvais. De toute façon, il y aura une mobilisation des militants cette semaine. On se lèvera à 6h du matin pour tracter dans les gares et on ira jusqu'au bout. Mais je ne vois pas d'autres solutions que l'alternance. Disons que c'est le parti qui propose des solutions concrètes, réalistes et pragmatiques. »

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