En France, depuis deux jours, les perquisitions administratives sont menées en pleine nuit et à la seule demande de préfets. Procédé rendu possible par l'instauration de l'état d'urgence vendredi soir. Autre mesure d'exception à laquelle le gouvernement a recours : les assignations à résidence. Plus d'une centaine ont été prononcées.
Si ces opérations visent la mouvance jihadiste, elles ne sont pas liées à l'enquête sur ces attaques, assure l'exécutif, qui dit vouloir porter un coup aux groupes radicalisés, mais aussi rassurer les Français en montrant que les forces de l'ordre veillent à leur protection. C'est aussi une manière de répondre aux critiques sur les défaillances des forces de l'ordre qui commencent à poindre.
Le cerveau possible des attentats à Paris
Abou Omar, ou Abdelhamid Abaaoud de son nom d'état civil, est une des figures du jihadisme francophone. Ce Belge d'origine marocaine a grandi à Mollenbeck, cette commune de Bruxelles où vivait certains des terroristes qui ont mené les attaques vendredi 13 novembre.
Il a rejoint les rangs de l'organisation Etat islamique en Syrie et est apparu dans plusieurs vidéos publiées sur Internet. L'une d'entre elles le montre notamment en train de tirer, en 4x4, les corps de plusieurs combattants de l'armée syrienne libre.
Actif en Syrie, il est soupçonné d'être impliqué dans plusieurs projets d'attentats en Europe. En Belgique tout d'abord, il est le cerveau présumé de la cellule de Verviers, cellule démantelée en janvier dernier et qui, selon le procureur fédéral, prévoyait de tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats.
Et puis, en France également, les services antiterroristes ont arrêté en août dernier un homme qui préparait un attentat visant, déjà, une salle de concert. Les enquêteurs pensent que la consigne lui avait été donnée par Abou Omar, qu'il aurait pu rencontrer lors d'un séjour en Syrie. Les enquêteurs le désignent comme le cerveau possible des attentats de Paris et de Saint-Denis. Il se trouverait actuellement en Syrie.
Salah Abdeslam, le conducteur de la Polo noire toujours recherché
L'autre personne recherchée, c'est Salah Abdeslam, un Français né à Drancy et vivant à Bruxelles. C'est lui, selon les enquêteurs, qui conduisait la Polo noire retrouvée devant le Bataclan. Il a réussi à regagner la Belgique dès samedi 14 novembre. Si celui qui est actuellement l'homme le plus recherché d'Europe reste introuvable, les enquêteurs ont pu établir comment il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi.
Salah Abdeslam a été contrôlé samedi matin, vers 9 h, à bord d'une Golf à un péage de Cambrai, dans le nord de la France. Deux autres personnes se trouvaient dans la voiture. Deux hommes qui ont été vus faisant le trajet inverse dans cette Golf au milieu de la nuit précédente. Ils sont entrés en France vers 3 h du matin.
Les deux hommes ont été interpellés samedi 14 novembre et sont sous le coup d'une procédure judiciaire. Ils prétendent ne pas avoir été informés des projets de Salah Abdeslam mais les enquêteurs belges cherchent à déterminer précisément leur degré d'implication dans ces attentats.
Molenbeek passé au peigne fin
Le quartier populaire de Molenbeek fait l’objet de toutes les attentions de la part des forces de l’ordre. Molenbeek est un quartier du centre de Bruxelles, un quartier extrêmement paupérisé, un quartier où on a laissé par défaut des familles se regrouper et des groupes ethniques ou religieux se regrouper sans aucune politique d’intégration sociale, sans aucune politique d’accueil.
Molenbeek, c’est là qu’Ibrahim Abdeslam avait son bar, avant d’aller se faire exploser sur le boulevard Voltaire à Paris. Molenbeek, c’est là aussi que vivait toute la famille, dont Salah Abdeslam. C’est là qu’il y a eu toutes les perquisitions, toutes les arrestations, ce week-end. Des perquisitions à nouveau lundi 16 novembre, dans ce quartier de Molenbeek.
Cinq des sept personnes qui avaient été arrêtées ont été relâchées, dont le troisième frère, Mohamed Abdeslam. Il avait un alibi vendredi soir. Deux autres personnes ont été inculpées pour participation à un attentat terroriste.