La justice autorise la communication de l’état civil d’Ali Bongo

La justice française autorise Onaida Bongo, l'une des héritières d'Omar Bongo, à se faire communiquer une copie complète de l'acte de naissance du président Ali Bongo. La décision a été prise ce jeudi après-midi par le tribunal de grande instance de Nantes, car c'est dans cette ville que sont conservés les documents d'état civil de l'AEF datant d'avant 1960, et donc l'acte de naissance du président Ali Bongo, né en 1959.

Pour le tribunal, il s'agissait d'arbitrer entre la préservation de la vie privée d'Ali Bongo et le droit à l'information d'Onaida Bongo. La longue justification s'articule en quatre temps.

D'abord, Onaida est bien héritière d'Omar Bongo. A ce titre, elle souhaite obtenir la copie de l'acte de naissance d'Ali Bongo pour vérifier les droits de celui-ci dans la succession.

Deuxièmement, la jeune femme a fait plusieurs tentatives pour se procurer cet acte auprès des notaires gabonais en charge de la succession, en vain.

Troisièmement, le tribunal constate que l'acte de naissance d'Ali Bongo n'est pas annexé au dossier de succession et que les actes disponibles « ne permettent pas de se convaincre que la filiation de M. Ali Bongo Ondimba a un caractère incontestable ».

Le tribunal prend également acte de documents présentés par la jeune femme qui mettent en doute cette filiation.

Quatrièmement, le tribunal prend note des inquiétudes d'Ali Bongo d'une utilisation de cet acte à d'autres fins que celle de la succession et reconnait que le préjudice pourrait être difficilement réparable.

En conclusion, le juge estime que ces inquiétudes restent hypothétiques alors que seule l'obtention de l'acte de naissance permettra à Onaiba « soit de lever le doute, soit de contester la part de son frère dans la succession ». Elle pourra donc obtenir copie de l'acte de naissance d'Ali Bongo.

Vu du Gabon : un sujet est très sensible

Dans la famille d’Onaïda Maisha Bongo Ondimba, la décision de la justice française a été accueillie dans la sobriété. Nous avons gagné une bataille mais le plus dur est à venir, a déclaré Paul-Marie Gondjout membre de la famille.

Egalement leader politique, M. Gondjout est convaincu que la copie de l’acte de naissance d’Ali Bongo qui sortira de Nantes ne regèlera pas uniquement la question de la succession d’Omar Bongo. En effet, les opposants gabonais s’accrochent à une thèse de l’écrivain français Pierre Péan sur les origines de l’actuel chef de l’Etat gabonais.

Dans son livre Nouvelles Affaires africaines, Péan affirme qu’Ali Bongo n’est pas le fils biologique d’Omar Bongo. Il est plutôt un fils adoptif originaire du Biafra au Nigeria. Or l’article 10 de la Constitution gabonaise interdit au Gabonais d’adoption de briguer le fauteuil présidentiel.

Si Nantes confirme qu’Ali Bongo est bien le fils d’Omar Bongo, l’opposition prendrait une grosse claque. Pour l’heure, le pouvoir n’a pas communiqué. Une conférence de presse du porte-parole du gouvernement prévue en fin d’après-midi a été annulée.

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