La Cache est un livre sur les Boltanski et aussi sur la France. Sur une famille et sur une société. Sur les catholiques et les juifs. Sur la peur et l’espoir. Écrit par un homme, né en 1961, qui a grandi auprès de sa grand-mère jadis abandonnée par sa propre famille et adoptée par une riche veuve catholique. Même en tant que journaliste, Christophe vivait jusqu’ici un peu à l’ombre de ses ainés, entre son grand-père Étienne Boltanski, membre de l’Académie de médecine, son père, le grand sociologue Luc Boltanski et son oncle, le célèbre artiste Christian Boltanski.
En tant que grand reporter au Nouvel Observateur, Christophe Boltanski explore le monde et les guerres, mais peu de gens savaient qu’il emportait toujours cette fameuse cache familiale avec lui. Pour s’en libérer, il a écrit son premier roman, La Cache, inspiré par le lieu, rue de Grenelle, où se cacha le grand-père juif pour échapper aux rafles des nazis pendant l’occupation.
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Ce livre magistral est structuré par les pièces de cet hôtel si particulier qui servait comme refuge pendant la guerre, mais aussi après, un lieu devenu ainsi à la fois prison des obsessions et forteresse familiale. Une architecture bien réelle qui a façonné la psychologie du clan familial terrorisé jusqu’à aujourd’hui par une peur inexplicable et les nombreuses névroses héritées comme l’angoisse de se laver, de rester seul, de marcher dans la rue…
Comment la littérature arrive-t-elle à transformer l’oppression exercée par des souvenirs occultes en une libération de soi-même par les mots ? Christophe Boltanski a trouvé une issue pour s’échapper du labyrinthe des mémoires enfouies
Le Prix Femina d’essai pour « Lévi-Strauss »
Lévi-Strauss, couronné par le prix Femina d’essai est l’exploit d’Emmanuelle Loyer, historienne spécialisée dans l’histoire intellectuelle et culturelle. Comprendre le monde par des idées nouvelles et structurées, voilà le credo de Claude Lévi-Strauss qui a changé notre regard sur le monde. Enfant unique, né à Bruxelles, en 1908, dans une famille bourgeoise juive-alsacienne, avec un père peintre et bricoleur, il se passionne tôt pour la philosophie et part en 1935 enseigner la sociologie à Sao Paulo, au Brésil, pour devenir ethnologue et réinventer l’anthropologie avec sa conviction profonde de l’égalité de toutes les cultures.
Avec ce livre de 910 pages, pour la première fois, la jeunesse et les origines familiales du célèbre anthropologue ont été minutieusement disséquées pour obtenir une vision plus claire de cet homme hors du commun qui avait épaté ses contemporains avec Tristes tropiques.
L’exploit de cette biographie qui s’attarde aussi sur la rupture existentielle et la fin de sa vie, jusqu’à sa mort en 2009 à Paris, a été possible grâce à l’ouverture des archives personnelles de Claude Lévi-Strauss, un ensemble de 261 cartons remplis de carnets, fiches, dessins, photos et correspondances. Un trésor jusqu’ici inédit et inaccessible, déposé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Avec cette enquête monumentale, Emmanuelle Loyer nous permet d’entrer dans le sanctuaire et le mystère de Claude Lévi-Strauss.