Des parlementaires français en Crimée pour une visite très critiquée

Dix parlementaires français pro-russes s’envolent ce jeudi pour la Crimée. Parmi eux, plusieurs députés Les Républicains de premier plan comme Thierry Mariani, Jacques Myard ou encore Claude Goasguen. Tous disent vouloir se rendre compte par eux-mêmes de la situation sur place, mais ce déplacement, financé par une fondation russe, est très mal vu par le ministère des Affaires étrangères français.

Les dix parlementaires, en grande majorité de droite, se rendront successivement à Simféropol, Yalta et Sébastopol. Ils rencontreront là-bas les autorités locales. Officiellement, l’objectif de ce déplacement est de voir concrètement ce qu'il se passe sur place et de maintenir le dialogue avec la Russie.

Est-ce à dire que ces élus reconnaissent l’annexion de la Crimée par Moscou ? « En allant en Crimée, nous disons très clairement qu’il faut reconnaître les réalités. La réalité, c’est que c’est un peuplement essentiellement russe et pas ukrainien au sens où les Ukrainiens l’entendent », répond Jacques Myard, un des députés Les Républicains qui participent au déplacement.

Mais l’annexion l’an passé de la Crimée par la Russie a été dénoncée par la communauté internationale. Ce voyage est donc vu d’un très mauvais œil par le Quai d’Orsay. « C’est un acte de violation caractérisé du droit international », s’est emporté mercredi Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. Ce déplacement est ainsi jugé inopportun par Elisabeth Guigou, la présidente de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale. « Par le fait qu’ils sont parlementaires, ils paraissent accorder du crédit ou une reconnaissance à une annexion qui est condamnée pas seulement par la France, mais par l’Assemblée générale des Nations unies », souligne-t-elle.

Pour l’ambassadeur ukrainien en France, Oleg Shamshur, ce voyage est « une violation directe du droit international », «  un geste inamical » et « bien prémédité ». Il est difficile de croire qu’un parlementaire français n’en ignore pas les conséquences, estime-t-il. « Il ne peut pas violer les lois des autres Etats en justifiant cela par son indépendance, par le droit d’exprimer sa propre opinion. Je ne doute pas que les députés et sénateurs français verront la Crimée de la façon dont Moscou veut la présenter parce que ce voyage est organisé par les autorités russes, donc les autorités d’un pays qui occupe illégalement la Crimée. »

Ces parlementaires n’en sont pas à leur coup d’essai. En septembre dernier, plusieurs d’entre eux s’étaient rendus à Moscou pour apporter leur soutien à la Russie en pleine crise ukrainienne. 

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