Attentat de la rue des Rosiers: le cerveau présumé arrêté en Jordanie

On ne l’a appris que ce mercredi 17 juin, mais Zouhair al-Abassi, alias Amjad Atta, cerveau présumé de l’attentat de la rue des Rosiers, qui avait fait six morts en 1982 à Paris, a été arrêté en Jordanie le 1er juin dernier. Il a été libéré sous caution par la justice jordanienne, mais il a interdiction de quitter le territoire, dans l’attente d’une décision sur son extradition.

Il serait le cerveau de l'attentat de la rue des Rosiers. Âgé de 62 ans, Zouhair al-Abassi, mieux connu sous le surnom d'Amjad Atta, a été interpellé en Jordanie le 1er juin dernier, avant d'être libéré sous caution. Avec deux autres personnes, il fait depuis le début de l'année l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le juge Trévidic en mars dernier pour sa participation présumée à l'attentat. Les trois suspects ont été identifiés à la suite de nouveaux témoignages reçus par le juge antiterroriste.

L'attaque avait eu lieu le 9 août 1982, à la mi-journée. Une grenade avait été lancée dans le restaurant de Jo Goldenberg, situé dans le quartier du Marais, à Paris. Deux hommes armés de pistolets-mitrailleurs étaient alors entrés, ouvrant le feu sur la cinquantaine de clients. Le commando, composé de trois à cinq hommes, avait ensuite remonté la rue, vidant ses chargeurs sur les passants. L'attaque avait fait six morts et plus de vingt blessés.

L'opération avait été attribuée à un groupe dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'Abou Nidal. Zouhair al-Abassi était considéré comme le numéro 3 du « comité des opérations spéciales » du Fatah-CR.

« Un immense espoir »

Pour Alain Jakubowicz, président la Licra, partie civile dans ce dossier, l'interpellation de Zouhair al-Abassi relance l'espoir de voir un jour un procès se tenir : « C'est un immense espoir et puis c'est un message qui est envoyé d'abord aux terroristes. Et il consiste à dire : " Attention, où que vous soyez, on va vous poursuivre. " » 

Mais n'est-il pas trop tard pour juger les auteurs de ce crime commis il y a si longtemps ? « Nous ne sommes pas face un crime imprescriptible, admet Alain Jakubowicz, mais la justice a pris ses dispositions pour interrompre la prescription depuis 32 ans. Quand un crime aussi effroyable est commis sur notre territoire, eh bien on se donne les moyens d'aller les chercher, de les arrêter, de les extrader, et de les juger. »

Reste que sur ce dernier point, rien n'est joué pour le moment. Amjad Atta, arrêté en Jordanie le 1er juin, a depuis été libéré sous caution par un tribunal, qui l'a seulement interdit de voyager. Une décision qui n'aurait certainement pas été la même en France, selon Alain Jakubowicz. « C'est le modèle de la justice jordanienne, qui n'est pas le nôtre. Il est évident que dans un dossier de cette nature, pour s'assurer de la représentation de la personne, fort est à parier que la personne aurait été placée en détention. »

Le président de la Licra espère dès lors que le régime jordanien saura tenir un œil sur « cette personne qui doit être extradée ». Ce qui selon lui est « essentiel pour que le procès soit complet. Pour l'instant, nous avons une personne qui est mise en examen pour être l'auteur ou un des auteurs des faits, mais il est évident que le cerveau ou les cerveaux sont indispensables à la parfaite compréhension. »

Les deux autres mandats d'arrêt ont été lancés contre Mahmoud Khader Abed Adra, alias Hicham Harb, et Walid Abdulrahman Abou Zayed, alias Soubail Othman. Ils résident respectivement en Cisjordanie et en Norvège.

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