Journée mondiale du don de sang: l’appel à la générosité des Français

Ce dimanche 14 juin 2015, on célèbre la journée mondiale du don du sang. Chaque jour, des accidentés de la route, des malades hémophiles ou atteints de cancers et de leucémies, ont besoin d'être transfusés. Tant que la science n'a pas trouvé le moyen de fabriquer du sang, ce sont 10 000 dons par jour qui resteront nécessaires. Le pays reste pour le moment autosuffisant. Mais d'ici vingt ans, l'augmentation de la population et son vieillissement changeront la donne.

Dans ce centre de transfusion de l'Etablissement français du sang (EFS), les infirmières connaissent les procédures sur le bout des doigts : une bonne désinfection de la zone à piquer, une température ambiante pour que les produits du sang – le plasma, les globules rouges ou les plaquettes - puissent tenir cinq jours. Au-delà, la plupart seront périmés. Et c’est bien parce que la science n’a donc pas encore les moyens de fabriquer du sang, qu’il faut chaque année encourager les dons.

Et ça marche. A chaque campagne à la télévision, les Français se mobilisent. Ils sont quinze fois plus cette journée-là dans les centres de transfusion. Cette donneuse de sang est certaine de l'importance de son geste : « J’ai 26 ans. Dans ma famille, on est tous donneurs,  je ne sais pas à que ce sang est destiné, mais je m’en fiche. Que ça soit un enfant, un adulte, une personne âgée, peu importe. C’est un acte citoyen. »

« En France, c'est gratuit »

Il faut rappeler que toute personne à partir de 18 ans peut donner son sang. Il y a quelques exceptions dont les voyages récents dans un pays à paludisme ou à maladie de Chagas (maladie parasitaire). Chaque nouvelle campagne de mobilisation montre la générosité des français au Dr Ahmed Slimany, responsable d'un centre de transfusion à Paris : « C’est anonyme. L’identité n'est pas révélée. Et en France, c’est gratuit. On ne rémunère pas et on ne fait pas de profit. Il y a certains pays européens où le don de plasma est rémunéré, c’est l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse. [C’est rémunéré] de l’ordre de 15 ou 20 euros. Mais ça reste toujours une marchandisation du corps. »

« Nous, le don éthique, poursuit ce médecin, on y tient en France. Bien sûr, la peur de l’aiguille, cela existe. On rassure les donneurs. C’est du matériel qui est stérile, à usage unique. Nous avons des professionnels et des infirmières qui font ça tous les jours et savent très bien piquer. Donc, on rassure et ça se passe très bien. Les remises de diplômes ou d’insigne de reconnaissance, les gens les refusent en disant qu’ils font ça pour aider les autres et qu’ils n’ont pas besoin d’être récompensés, d’être rémunérés ou d’avoir des diplômes ou des insignes. »

Aucun moyen de produire du sang artificiel

Pour le moment, la science n'a pas trouvé le moyen de produire du sang artificiel. Sur tous les continents du monde, la course au sang de synthèse est lancée. Qu'ils soient Français, Américains, Chinois ou Coréens, les chercheurs obtiennent des résultats prometteurs. Le professeur Luc Douay dirige une équipe française à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Ses travaux sur des cellules de moelle osseuse capables de se transformer en globules rouges lui ont valu une renommée mondiale : « C’est un contrôle de ce qui se passe dans la moelle osseuse et on le reconstitue dans les conditions de laboratoire. Et ainsi nous sommes capables de fabriquer de très grandes quantités de globules rouges. Pour donner un exemple : dans une poche de sang qui est transfusée habituellement, il y a la bagatelle de deux mille milliards de globules rouges. Nous sommes capables aujourd’hui de fabriquer ces globules rouges. Une fois injectés à l’homme, ils circulent de façon tout à fait identique à des globules rouges fabriqués par la nature dans la moelle osseuse. »

Un prélèvement sur le malade ou sur une autre personne ? C’est cette dernière hypothèse qui intéresse Luc Douay : « Il ne s’agit pas d’aller vers l’autotransfusion, mais au contraire d’avoir des possibilités de fabrication à grande échelle pour tous les patients à partir de cellules souches de donneurs qu’on aura sélectionné. Nous n’en sommes encore qu’aux phases de développement ; c’est comme un médicament et ceci nécessite des années de travail. Donc, la dernière étape à franchir, c’est d’être capables de produire industriellement ces globules rouges pour fabriquer des millions de poches. Et c’est ce sur quoi nous travaillons aujourd’hui. »

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