La garde à vue de six anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, dont Claude Guéant, Xavier Musca et Emmanuelle Mignon, n'a duré qu'une partie de l'après-midi. Elle entrait dans le cadre de l'enquête sur les sondages de l'Elysée, qui avaient été épinglés par la Cour des comptes lors du dernier quinquennat.
Outre Claude Guéant et Xavier Musca, qui s'étaient succédé au poste de secrétaire général de la présidence de la République, et Emmanuelle Mignon, l'ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, trois anciens conseillers élyséens ont été interrogés par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Il s'agit de Jean-Baptiste de Froment, Julien Vaulpré et Jean-Michel Goudard.
C'est la Cour des comptes qui la première en 2009 s'étonne de certaines dispositions autour de sondages commandés par l'Elysée.
Deux ans plus tôt, la nouvelle présidence signait une convention avec un cabinet privé : celui de Patrick Buisson, proche de Nicolas Sarkozy. L'Elysée accorde alors près d'un million et demi d'euros à l'entreprise pour réaliser les sondages qu'elle souhaite. Un contrat signé sans qu'il y ait eu appel d'offres et donc sans mise en concurrence du cabinet de Buisson. Or, ces mêmes sondages ont aussi été utilisés par des entreprises de presse qui les avaient, elles aussi, payés. Une double facturation donc pour un même travail.
L'association de lutte contre la corruption Anticor se saisit alors du dossier. Outre les soupçons de favoritisme dans l'attribution de marchés publics, elle estime que certaines études commandées n'avaient pas d'intérêt public lié à la fonction présidentielle. C'est le cas, à ses yeux, de sondages sur les rivaux socialistes de Nicolas Sarkozy ou sur son mariage avec Carla Bruni. Anticor porte donc plainte et après un long combat judiciaire, un magistrat a été autorisé fin 2012 à enquêter. L'enquête porte désormais sur l'ensemble des contrats de conseil ou de sondages commandés durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
A gauche et à droite, «que la justice fasse son travail»
Du côté, des députés, on l'affirme, il faut que la justice suive son cours. Un proche de l'ancien président mis en garde à vue au moment de la refondation de l'UMP, ça tombe mal pour le nouveau parti les Républicains. Pourtant, pour les députés de l'opposition de droite, le nom du parti n'y change rien, les dossiers sont là, il faut s'y confronter. « Je crois qu'il y a un certain nombre de dossiers qu'il faut solder et que les juges avancent, et c'est heureux qu'ils avancent », se réjouit George Fennec.
Que la justice avance, oui, mais dans le respect le plus total de l'instruction. C'est en tout cas ce que souhaite Jérôme Chartier, député Les Républicains, qui affirme qu'il faut apprendre des instructions passées : « Pendant cinq ans il y a eu une instruction qui a concerné une instruction qui a concerné l'un de mes amis, Eric Woerth. Ça s'est conclu par sa relaxe pure et simple. Alors, voyez-vous, maintenant, je m'abstiens de tout commentaire. J'attends que le tribunal se prononce. »
De son côté, le porte-parole du gouvernement le dit : la majorité n'a aucune responsabilité dans le calendrier judiciaire. « La main du parti socialiste, elle est dans la préparation du congrès du Poitiers ; pour le reste, la justice fait son travail. aucun cabinet noir, rien. Des procédures de justice qu'il faut laisser se dérouler. »